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Voeux 2024 du MOC Bruxelles sous le signe de la solidarité

Le 26 janvier dernier, le MOC de Bruxelles a rassemblé plus d’une centaine de militant.e.s, permanent.e.s et ami.e.s pour bien commencer l’année 2024. Pour jeter un regard en arrière sur les interventions de l’année écoulée et un regard vers l’avant sur les perspectives de 2024, le Mouvement bruxellois a choisi comme l’an dernier de donner la parole aux militant.e.s de ses « organisations constitutives » mais aussi d’autres associations soutenues.

C’est dans les locaux d’une occupation temporaire à la rue du Trône que le MOC Bruxelles a tenu à organiser cette soirée. Le choix de ce lieu n’est en rien un hasard comme le précise Céline Caudron, secrétaire fédérale: « Nous sommes ici avant tout pour marquer notre soutien aux personnes qui y vivent et aux associations qui y développent es activités culturelles et sociales et qui vont bientôt devoir trouver de nouveaux locaux pour s’abriter. L’existence d’occupations comme celles-ci démontre la faillite des politiques publiques qui continuent de considérer le bâti comme un bien marchand, permettant l’explosion des loyers et rendant les logements et locaux associatifs inaccessibles pour beaucoup, alors que la région bruxelloise compte plus de 7.000 sans-abris et près de 30.000 bâtiments inoccupés. Mais les occupations temporaires sont aussi emblématiques de la force de la solidarité et de l’auto-organisation ».

Solidarité, le leitmotiv du MOC de Bruxelles qui considère celle-ci « plus que nécessaire dans un contexte de violentes attaques sociales, racistes et sexistes, alors que l’extrême droite est à nos portes et que la guerre fait rage dans plusieurs régions du monde ». Solidarité internationale d’ailleurs puisque José Angeli, président du MOC Bruxelles, a ouvert la soirée en donnant la parole à deux militants, l’un palestinien et l’autre israélien, qui vivent aujourd’hui tous les deux en Belgique et portent ensemble le même appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à la libération du peuple Palestinien. Cette prise de parole est, pour le MOC Bruxelles, « une façon de d’adresser un message d’espoir et de couper l’herbe sous le pied à celles et ceux qui cherchent à alimenter l’antisémitisme et l’islamophobie en faisant passer cette guerre coloniale d’occupation pour une guerre de religion ».

Free Palestine !

Dans un message video, Omar Abou Karem El Aedi, journaliste palestinien de Gaza, a expliqué les motivations de la grève de la faim qu’il mène avec détermination depuis plusieurs semaines dans les locaux de l’ULB, comme plusieurs activistes en Suisse ou en Hollande entre autres. Eitan Bronstein Aparecio, militant juif décolonial et antisioniste, actif dans la solidarité avec le peuple palestinien depuis de nombreuses années, notamment au sein de De-Colonizer qui propose des formations et des outils pédagogiques pour combattre la nature coloniale du régime israélien, s’est quant à lui félicité de la reconnaissance du risque de génocide à Gaza par la Cour Internationale de Justice. Comme le MOC Bruxelles, il appelle la Belgique et la communauté internationale à faire le nécessaire pour la mise en œuvre de cette décision historique en empêchant l’armée israélienne de commettre des actes génocidaires.

Respect des droits des personnes étrangères !

En fustigeant la passivité actuelle des autorités belges face à la guerre à Gaza, le MOC Bruxelles condamne également l’attitude de l’Etat qui « refuse de remplir son obligation d’accueillir comme il se doit les réfugié.e.s palestinien.ne.s. C’est une attitude scandaleuse qui reflète le mépris que les autorités européennes, belges et régionales affichent envers les droits des migrant.e.s, des demandeur.euse.s d’asile et des travailleur.euse.s sans papiers au-delà de leur origine ». Ernestine Kavita Biby et Evelyne Ayong, deux militantes de la Ligue des Travailleuses Domestiques de la CSC Bruxelles ont alors présenté une video qui évoque leur impressionnante mobilisation pour que la région bruxelloise permette aux travailleur.euse.s sans papiers d’obtenir un accès au travail légal. Elles viennent de perdre une première bataille alors que la majorité bruxelloise, dont quatre partis s’étaient engagés à soutenir une avancée dans ce sens, a adopté une ordonnance sur la migration économique qui maintient dans la précarité et l’exploitation les milliers de personnes sans papiers qui vivent et travaillent dans la région depuis des années. Mais leur combat continue, pour que la région prenne enfin ses responsabilités en leur donnant accès au travail légal (suite à une audition de la Ligue le 23 janvier le Parlement européen va d’ailleurs prochainement envoyer des experts étudier la situation sur le terrain) mais aussi pour que le fédéral adopte enfin des critères clairs, justes et permanents de régularisation et en finisse avec les rafles, détentions et expulsions.

Accessibilité des administration et services !

Déception et colère mais détermination malgré tout, le MOC Bruxelles décrit les mêmes sentiments à propos du vote, lui aussi majorité contre opposition, de l’ordonnance « Bruxelles numérique » qui favorise la numérisation des administrations bruxelloises sans présenter de garantie sérieuse d’un maintien de guichets physiques pourtant indispensables aux nombreuses personnes en difficultés avec les outils numériques. Autour de Lire et Ecrire, des dizaines d’associations et des centaines de bruxellois.es se sont mobilisé.e.s en 2023 pour réclamer la garantie du maintien de guichets physiques et continueront à se mobiliser dans ce sens. C’est ce qu’ont expliqué Jackie Taine, militant des Equipes Populaire, et Olivier Dubin, le nouveau responsable régional des EP à Bruxelles qui a également présenté les perspectives de leurs ateliers numériques pour 2024.

Des moyens pour la lutte contre les violences faites aux femmes !

L’accessibilité des institutions est aussi un enjeu autour duquel Vie Féminine a travaillé ces derniers temps, tout comme la lutte contre les violences faites aux femmes qui reste une préoccupation transversale du Mouvement. De l’expérience des femmes concernées, il ressort que les institutions sont généralement peu ou mal outillées pour accompagner correctement les victimes dans leur parcours de réparation. Celles-ci doivent donc s’appuyer sur le soutien d’un secteur associatif en manque de moyens et sur des réseaux de solidarité auto-organisés par les femmes elles-mêmes. Eleonore Merza Bronstein, la nouvelle responsable de Vie Féminine Bruxelles, a présenté une video autour de l’étude que Vie féminine a publiée en 2022 sur le parcours de reconstruction des femmes victimes de violences conjugales.

Permettre aux victimes de bénéficier de tous les moyens nécessaires à leur reconstruction et à la réparation des violences subies est une responsabilité collective. Il en va de même pour la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention des violences qui vise à éviter qu’elles se réalisent ou, en tout cas, à en diminuer l’ampleur. Et cette politique de prévention, pour être efficace, doit s’envisager dans tous les domaines : les femmes doivent avoir des papiers pour bénéficier de leurs droits, elles doivent accéder à une autonomie financière, avec des revenus décents mais aussi du temps disponible et un logement abordable pour espérer échapper à l’emprise d’un partenaire violent.

Droit au logement décent et droit à la santé !

Le logement est d’ailleurs un enjeux particulièrement important en région bruxelloise, où plus de 60% des habitant.e.s sont locataires, et où les plus précaires doivent parfois consacrer la majorité de leurs revenus à des loyers qui explosent… quand ils et elles ont accès à un logement qui leur épargne l’exploitation de marchands de sommeil. Cette exploitation, Jonathan Fostier l’a connue. Avec d’autres, appuyés par le Front anti-expulsions, les Equipes Populaires et le MOC Bruxelles notamment, il a déposé plainte contre un marchand de sommeil à la rue des Coteaux à Schaerbeek, parvenant à gagner le droit à des indemnités pour les violences subies. Le logement et l’environnement de vie sont d’importants déterminants de l’état de santé. C’est ce sur quoi est revenu Pascal Dujardin, responsable médicosocial et de l’action locale de la Mutualité Chrétienne, en présentant les champ d’intervention de la Mutualité Chrétienne à Bruxelles en 2023 et 2024.

Droit à un statut pour les travailleurs de plateformes !

Pour terminer, le MOC Bruxelles a tenu à donner la parole à un représentant de l’asbl Rockinsquat qui coordonne l’occupation de la rue du trône et à deux travailleurs de plateforme, militants à la maison des livreurs qui propose dans ce bâtiment un espace pour se poser, se rencontrer, s’informer de leurs droits mais aussi s’organiser pour mieux les défendre. Tandis que Naël a présenté la dynamique qui anime l’occupation, Abdelahe et Amine sont revenus sur les conditions de travail des livreurs à vélo et leur mobilisation qui a permis, il y a quelques semaines, d’obtenir une décision de la Cour du Travail obligeant Deliveroo à salarier les travailleurs de sa plateforme, leur permettant ainsi de bénéficier des droits qu’impliquent ce statut.

Des priorités pour les élections 2024 

Ces différentes prises de parole ont évoqué certains enjeux que le MOC Bruxelles considère prioritaires pour les bruxellois.es et que le mouvement défendra auprès des candidat.e.s aux élections 2024… Mais également dans la rue puisque le président et la secrétaire fédérale ont conclu leur discours de la sorte : « L’année 2024 sera certes l’année de toutes les élections. Mais nous tenons à ce qu’elle soit surtout une année de luttes qui permettent de faire enfin pencher la balance vers les intérêts de notre camp social. Reprenons des forces et allons-y ! »

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