Qui sommes-nous ?

Actif en Wallonie et à Bruxelles, le MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien) fédère et est le porte-parole politique d’organisations sociales qui trouvent leur origine dans l’histoire ouvrière et le monde sociologique chrétien: le syndicat CSC, la Mutualité Chrétienne, Vie Féminine, les Equipes Populaires et les Jeunes Organisé.e.s et Combatif.ve.s.

Le MOC rassemble également une série de services, notamment le réseau AID (Actions Intégrées de Développement) qui fédère des asbl actives dans les secteurs de l’Insertion Socioprofessionnelle (ISP) et l’économie sociale, dont 4 sont implantées à Bruxelles : le Coften, le Cefaid, CF2000 et la Chôm’hier.

Le CIEP (Centre d’Information et d’Education Populaire) est quant à lui chargé de mettre en oeuvre les activités d’éducation permanente du MOC à travers la formation des permanent.e.s et militant.e.s des organisations qui le constituent.

Nos axes de travail

En tant que mouvement ancré dans le camp social des classes populaires, le MOC développe un projet politique de solidarité et d’égalité par l’éducation permanente (la démocratie culturelle, la démocratie économique et la démocratie sociale), par l’action collective et la citoyenneté participative, par la lutte contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation pour conquérir et faire respecter les droits fondamentaux.

Sur base des constats de terrain, relevés notamment dans le cadre de la campagne précarité menée en 2020-2021, compte tenu de l’impact indéniable des enjeux envionementaux sur le quotidien et du déficit démocratique autour du choix de société à opérer face à des crises systémiques qui se superposent, nous avons identifié trois axes dans lesquels inscrire nos interventions pour les années à venir :

Droit à la ville

Travail digne

Prendre soin

1. Droit à la ville

Les inégalités n’ont fait que se creuser pendant des décennies de privatisation, de marchandisation, de flexibilisation des conditions travail, ainsi que de politiques publiques d’austérité, « d’activation » des allocataires sociaux et de création de sous-statuts (comme le statut cohabitant ou à travers la soustraitance), ou de non-statut (comme pour les personnes sans papiers ou en séjour précaire) qui favorisent le dumping social. A défaut d’une fiscalité juste, et avec le blocage des salaires et des allocations, l’écart de richesses s’agrandit toujours plus entre une minorité dominante qui possède capitaux, brevets et ressources naturelles et l’énorme majorité de la population qui oscille entre la grande pauvreté et la « classe moyenne » soumise au risque permanent de basculer dans la précarité.

A la sortie du Covid et avec la crise énergétique, le coût de la vie explose tandis que les revenus de la population ne suivent pas et que les profits des grandes entreprises fossiles et pharmaceutiques atteignent des proportions inédites. Boostée par les périodes de confinement, la digitalisation révolutionne profondément le marché du travail. L’économie de plateforme explose, avec une « ubérisation » des conditions de travail, tout comme la numérisation et le télétravail qui, si elle est déployée dans une optique qui vise avant tout la rentabilité plutôt que l’amélioration du bien-être, accentue la fracture numérique et l’isolement social.

Alors qu’il y aurait de quoi répartir le travail entre tou.te.s, le rythme de travail effréné tout comme la privation d’emploi stable et bien rémunéré ont des répercussions importantes sur la santé physique et mentale. Plutôt qu’interroger l’organisation du travail, opérer ne réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire en investissant dans la création d’emploi socialement et écologiquement utiles et nécessaires, avec de bons salaires et des conditions respectueuses de la santé physiquement et mentale des travailleur.euse.s, ce sont les malades de longue durée qui, comme les travailleur.se.s sans emploi, sont mis sous pression entre un retour forcé au travail ou la perte de revenus. Cette logique induit une violence institutionnelle dont souffrent, en première ligne, les allocataires mais qui affecte aussi les travailleur.euse.s sociaux.ales contraint.e.s à un rôle de contrôle et de sanction.

Aujourd’hui comme hier, l’action syndicale reste la colonne vertébrale du mouvement ouvrier. Face aux évolutions du monde du travail, il s’agit, avec les syndicats en premier lieu mais aussi avec les autres composantes du mouvement ouvrier traditionnel et les nouvelles formes du mouvement social, et de relever dans ce contexte le défi de l’organisation d’un rapport de forces favorable aux travailleur.se.s avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, aux classes populaires, précarisées et opprimées.

2. Travail digne

Comme dans le monde du travail, les questions de justice sociale et de démocratie se posent éminemment autour du lieu de vie : Pour qui la ville est-elle faite ? Qui décide de quoi et comment ? Quid de la participation citoyenne ? … Mais le fossé démocratique entre la population et les institutions et politiques qui se détournent des intérêts de la majorité sociale et de la planète continue à s’agrandir. Si aucune alternative progressiste ne parvient à se construire et à se faire entendre, le terreau est fertile pour l’extrême droite et toute sortes de complotismes et d’obscurantismes, ce qui est d’autant plus dangereux à l’approche de l’année électorale en 2024. Le lien social, le débat et l’organisation démocratiques doivent être renforcés au plus près de la population, dans les entreprises mais aussi dans les quartiers, notamment à travers un processus d’éducation populaire qui vise la transformation sociale et avec l’appui du tissu associatif et des corps intermédiaires.

Le droit à la ville, c’est aussi pouvoir accéder à des services adaptés aux besoins de la population. Or, les service sociaux et publics sont souvent saturés à Bruxelles et ne permettent pas toujours de répondre aux besoins complexes des populations les plus précarisées. En outre, avec la digitalisation et le désinvestissement des pouvoirs publics, de plus en plus de services se dématérialisent, en privilégiant les contacts virtuels au guichet en face à face. C’est évidemment un problème majeur, en particulier pour les populations précarisées qui maitrisent mal les langues nationales, la lecture/écriture ou le numérique et qui perdent ainsi l’accès à leurs droits fondamentaux.

Les bruxelloix.ses sont majoritairement locataires de leur logement. Iels consacrent une bonne part de leurs revenus (jusque 70%) à un loyer qui, en moyenne ces 10 dernières années, a augmenté de 20% au-delà de l’indexation, ce qui les oblige à sacrifier leurs soins de santé, une alimentation saine ou leurs loisirs et leur vie culturelle. Les logements sociaux, qui proposent un loyer adapté aux revenus, sont vétustes et trop peu nombreux. Le droit à un logement décent est dès lors ineffectif pour des milliers d’habitant.e.s, contraint.e.s de rester dans un logement trop petit, insalubre, mal isolé, quand iels ne doivent pas se résoudre à l’errance. Le bâti vieillissant pose à la fois la question du gaspillage énergétique et du mal logement, qui ont toutes deux des répercussions financières et sanitaires sur les habitant.e.s.

A Bruxelles, avec une forte densité de population et une répartition démographique très marquée autour d’un « croissant pauvre », des tensions se manifestent aussi entre enjeux sociaux et environnementaux, notamment autour de la mobilité (not. entre l’engorgement de la circulation de transit et l’accessibilité des quartiers et des services pour les habitants) ou de l’aménagement du territoire (not. sur l’usage des sols entre, d’une part l’agriculture urbaine et les zones vertes et, d’autres part, la construction de logements sociaux, d’infrastructures culturelles ou d’aménagements urbains).

Enfin, Bruxelles est une région-capitale dans un contexte belge, européen et mondial. Si la région bruxelloise a la main sur une série de compétences clés, ses habitant.e.s sont aussi concerné.e.s par les enjeux internationaux et les politiques qui se décident à d’autres niveaux de pouvoir. D’autant plus que la région est aussi le siège de nombreuses institutions et lobbys face auxquelles les contestations s’organisent. C’est donc à partir du territoire bruxellois que s’inscrit l’action du Ciep-B et des organisations du MOC Bruxelles, sur base des réalités régionales à faire valoir, mais aussi à travers la solidarité internationale en connexion avec celles et ceux qui résistent, ailleurs, aux mêmes systèmes d’exploitation et d’oppression à la recherche d’alternatives.

3. Prendre soin

Nous sommes à la croisée des chemins. La superposition des crises systémiques apporte un autre regard sur la façon d’envisager l’avenir et sur les revendications à porter à court, moyen et long terme.

La crise climatique a mis en évidence la nécessité vitale de prendre soin de la planète. La survie de notre espèce dépend de notre capacité à imposer un tournant radical de l’économie mondiale pour en finir avec l’extraction et la combustion d’énergies fossiles, ce qui a des implications très concrètes sur la production et la consommation d’énergie pour les particuliers et les entreprises.

La crise du Covid a quant à elle souligné à quel point les secteurs professionnels du soin au sens large sont essentiels à la vie. C’était évident pour les malades qui étaient pris en charge en milieu hospitalier, en maison de repos ou à domicile par des professionnel-le-s du secteur médical et paramédical de première ligne en sous-effectif, sous-équipé et soumis à une charge émotionnelle importante.

Mais c’était aussi le cas pour le travail préventif effectué par les professionnel.le.s du secteur de la santé mentale, du nettoyage ou pour l’engagement des profesionnel.le.s de la petite enfance qui ont permis aux parents actif.ve.s dans les secteurs reconnus comme essentiels de poursuivre leur travail en présentiel.

L’impact psychologique des périodes de confinement a aussi démontré le caractère essentiel d’un autre aspect du travail soin : celui du maintien du contact humain, notamment grâce au temps consacré à la vie sociale, éducative et culturelle, remettant à jour par la même occasion le sens du combat historique du mouvement ouvrier pour le temps libéré à travers la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire.

Enfin, à travers ces secteurs professionnels mais aussi dans la sphère privée et à travers le travail informel, le soin reste encore largement assumé par les femmes étant donné la répartition genrée des tâches et rôles sociaux. Depuis longtemps, et avec encore plus de force ces dernières années, les féministes soulignent que, « si les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête » pour démontrer à quel point le travail invisible, dévalorisé et exercé gratuitement par les femmes auprès de leurs proches est fondamental. Reconnaitre l’important rôle sociétal des secteurs du soin implique de les sortir de la sphère privée et du marché, à travers un financement structurel du non-marchand (santé, petite enfance, socioculturel, enseignement, …), le renforcement de la formation professionnelle et la création d’emploi stables pour répondre aux besoins. Il en va de la qualité et de l’accessibilité des services concernés, ainsi que des possibilités d’émancipation des femmes sur lesquelles reposent encore principalement les tâches du soin.

S’engager à « prendre soin », c’est s’engager pour une société orientée vers une vie meilleure pour tou.te.s plutôt que vers l’accumulation de profit par une minorité, en s’appuyant sur des valeurs de solidarité et en prenant la mesures des difficultés particulières que rencontrent les classes populaires et, en particulier, les femmes, les minorités de genre, les personnes racisées et les personnes porteuses de handicap.