Comme dans le monde du travail, les questions de justice sociale et de démocratie se posent éminemment autour du lieu de vie : Pour qui la ville est-elle faite ? Qui décide de quoi et comment ? Quid de la participation citoyenne ? … Mais le fossé démocratique entre la population et les institutions et politiques qui se détournent des intérêts de la majorité sociale et de la planète continue à s’agrandir. Si aucune alternative progressiste ne parvient à se construire et à se faire entendre, le terreau est fertile pour l’extrême droite et toute sortes de complotismes et d’obscurantismes, ce qui est d’autant plus dangereux à l’approche de l’année électorale en 2024. Le lien social, le débat et l’organisation démocratiques doivent être renforcés au plus près de la population, dans les entreprises mais aussi dans les quartiers, notamment à travers un processus d’éducation populaire qui vise la transformation sociale et avec l’appui du tissu associatif et des corps intermédiaires.
Le droit à la ville, c’est aussi pouvoir accéder à des services adaptés aux besoins de la population. Or, les service sociaux et publics sont souvent saturés à Bruxelles et ne permettent pas toujours de répondre aux besoins complexes des populations les plus précarisées. En outre, avec la digitalisation et le désinvestissement des pouvoirs publics, de plus en plus de services se dématérialisent, en privilégiant les contacts virtuels au guichet en face à face. C’est évidemment un problème majeur, en particulier pour les populations précarisées qui maitrisent mal les langues nationales, la lecture/écriture ou le numérique et qui perdent ainsi l’accès à leurs droits fondamentaux.
Les bruxelloix.ses sont majoritairement locataires de leur logement. Iels consacrent une bonne part de leurs revenus (jusque 70%) à un loyer qui, en moyenne ces 10 dernières années, a augmenté de 20% au-delà de l’indexation, ce qui les oblige à sacrifier leurs soins de santé, une alimentation saine ou leurs loisirs et leur vie culturelle. Les logements sociaux, qui proposent un loyer adapté aux revenus, sont vétustes et trop peu nombreux. Le droit à un logement décent est dès lors ineffectif pour des milliers d’habitant.e.s, contraint.e.s de rester dans un logement trop petit, insalubre, mal isolé, quand iels ne doivent pas se résoudre à l’errance. Le bâti vieillissant pose à la fois la question du gaspillage énergétique et du mal logement, qui ont toutes deux des répercussions financières et sanitaires sur les habitant.e.s.
A Bruxelles, avec une forte densité de population et une répartition démographique très marquée autour d’un « croissant pauvre », des tensions se manifestent aussi entre enjeux sociaux et environnementaux, notamment autour de la mobilité (not. entre l’engorgement de la circulation de transit et l’accessibilité des quartiers et des services pour les habitants) ou de l’aménagement du territoire (not. sur l’usage des sols entre, d’une part l’agriculture urbaine et les zones vertes et, d’autres part, la construction de logements sociaux, d’infrastructures culturelles ou d’aménagements urbains).
Enfin, Bruxelles est une région-capitale dans un contexte belge, européen et mondial. Si la région bruxelloise a la main sur une série de compétences clés, ses habitant.e.s sont aussi concerné.e.s par les enjeux internationaux et les politiques qui se décident à d’autres niveaux de pouvoir. D’autant plus que la région est aussi le siège de nombreuses institutions et lobbys face auxquelles les contestations s’organisent. C’est donc à partir du territoire bruxellois que s’inscrit l’action du Ciep-B et des organisations du MOC Bruxelles, sur base des réalités régionales à faire valoir, mais aussi à travers la solidarité internationale en connexion avec celles et ceux qui résistent, ailleurs, aux mêmes systèmes d’exploitation et d’oppression à la recherche d’alternatives.