Partir de notre pays : du paradis à la désillusion
Nous avons quitté notre pays, notre famille et nos amis. Beaucoup d’entre nous avons laissé nos enfants pour prendre soin de ceux des autres. Nous désirions travailler comme infirmières, comptables, professeures mais la seule issue pour survivre était de travailler comme domestique à l’étranger pour des familles du Nord. Aux Philippines, on nous promettait le paradis au Liban, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et ailleurs. Une fois arrivées, ce fut la désillusion et un enfer d’être loin de nos proches. Certaines d’entre nous étaient employées comme interne, bonne ou nounou chez des diplomates avec un permis de séjour précaire. Nous étions piégées, avec interdiction de sortir, payées 200 euros par mois, travaillant 14h par jour et devoir payer notre nourriture.
Nous sommes exploitées
Nous sommes corvéables à merci. Nous devons être disponibles non-stop. Parfois, on nous demande par exemple, seulement quelques heures avant, d’aller garder les enfants pour la soirée.
Nous faisons des heures supplémentaires sans être payées.
Si nous sommes malades, nous n’avons ni salaire, ni assurance maladie.
Quand la famille part en vacances, il n’y a plus de travail, donc plus de paie !
Nous contribuons à l’économie et à la société
Nous soutenons nos familles là-bas en envoyant de l’argent
Si nous avions des papiers, nous payerions les impôts et les cotisations sociales, cela équivaudrait à 29 millions d’euros par mois
Notre travail est fondamental, nous nettoyons les maisons, nous nous occupons des enfants, des personnes âgées, sans nous, la société ne fonctionnerait plus.
Nous revendiquons l’égalité de droit et des conditions de travail dignes
Ceci passe par
L’application de la Convention Internationale C189 ratifiée par la Belgique en 2015 contre l’exploitation des travailleur-ses domestiques :
– La possibilité de porter plainte et d’être protégées pendant toute la procédure
– Le salaire minimum
– Des congés payés
– Des heures supplémentaires payées
– Des horaires stables de travail
– L’accès à une couverture maladie
– Pour celles qui ont travaillé pendant plusieurs années sans papiers et seraient régularisées, nous demandons la reconnaissance de toutes ces années pour la pension.
La régularisation pour nos droits et notre dignité
Nous pallions la pénurie de l’offre de l’accueil en termes de services publics (malades, enfants, personnes âgées).
Que nous soyons avec ou sans papiers, nous réclamons la reconnaissance de l’utilité et de la pénibilité de ce travail invisible. Nous voulons la régularisation pour avoir accès à nos droits et la dignité. Comme Ligue des travailleuses, nous combattons en solidarité avec tous les sans-papiers.
Ligue des travailleuses domestiques
le 19 novembre 2019
Groupe organisé par le Centre d’Information et d’Education Populaire du MOC Bxl,
en collaboration avec la CSC Bxl, avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles
Contact : Magali Verdier – 0487 16 35 58 – magali.verdier@mocbxl.be