Ca y est : nous sommes officiellement dans la période estivale. Dès les premières semaines de juillet, comme tous les ans, la ville change de rythme. Moins de voitures et moins de bouchons, la Stib en horaires «vacances scolaires», des enfants dans les rues toute la journée, davantage de touristes qu’en temps normal, pour certain.e.s des « horaires d’été » allégés ou des congés payés qui permettent de souffler un peu… Tout a l’air plus calme, plus «chill». Mais ce n’est qu’une apparence qui, à nouveau, invisibilise les plus précaires qui ne peuvent pas se permettre de temps libre ni d’esprit serein.
Par Céline Caudron, secrétaire fédérale du MOC Bruxelles
Il y a toutes celles et tous ceux pour qui l’été n’est pas un soulagement. Les travailleur.se.s sans emploi, obligé.e.s d’enchaîner les boulots pourris à n’importe quelle période de l’année. Les jeunes qui «jobbent» pour pouvoir s’offrir des études ou un minimum d’autonomie. Les travailleur.se.s des secteurs liés au tourisme qui affrontent le rush de la «haute saison» dans une ville que les politiques publiques veulent rendre attractive, peu importe les dégâts urbanistiques, environnementaux et sociaux de la massification touristique. Les habitant.e.s qui, faute de moyens, ne quittent jamais Bruxelles, sans accès non plus aux activités culturelles ou de loisirs souvent payantes, malgré leurs envies et besoins de « temps pour soi » comme l’expriment les femmes qui fréquentent les maisons de Vie Féminine. Il y a les milliers de travailleur.se.s sans papiers, privé.e.s d’accès au travail légal et des droits qui y sont liés, comme les travailleuses domestiques ou les livreurs, pour qui le stress et la charge de travail s’intensifient souvent pendant l’été.
Le droit aux congés payés, arraché de longues luttes par les générations précédentes, est loin d’être effectif pour tou.te.s. Le «temps libre» est grignoté par sa répartition genrée, des horaires de travail pesants et la charge mentale d’un quotidien sous pressions. Pourtant, la justice sociale et les impératifs écologiques justifient la concrétisation d’une nouvelle réduction collective des temps de travail. Une vraie, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire. Histoire de pouvoir, tou.te.s, travailler moins et vivre mieux. Mais, comme pour tout le reste, il faudra pour ça reprendre en mains l’offensive sociale et retrouver confiance dans la force collective de notre classe. Pour que l’été, et tout le reste de l’année, nous puissions enfin profiter de la vie qui, mal- gré tout, est belle et mérite qu’on se batte pour elle.
Dans ce numéro de Mouvements, nous vous proposons, en plus du dossier thématique central, deux nouvelles rubriques. La boîte à outils vous invite à découvrir la façon dont se construit et s’organise concrètement une lutte sociale dans la capitale. Cette fois, direction l’ULB, dont les bâtiments sont occupés en solidarité avec le peuple palestinien. Désormais, nous ouvrons nos pages à des cartes blanches de militant.e.s qui proposent leur regard poétique ou artistique sur nos révoltes ou nos aspirations communes. Ici, Jaïda évoque la nouvelle nakba en Palestine tandis qu’Ali nous parle de la situation des livreurs sans papiers. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution… au cas où l’été vous inspire 😉
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