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Chou 87 – Avec les travailleurs et travailleuses migrants

Edito

par Myriam Djegham
Secrétaire fédérale adjointe du MOC Bruxelles

Dans le contexte actuel de dégradation sociale, si les mouvements sociaux n’organisent pas une résistance combative et émancipatrice, les risques sont énormes. Les droits sociaux et démocratiques sont de plus en plus bafoués pour attirer les investisseurs et étrangler les budgets publics. Des milliers de personnes sont jetées dans la pauvreté et des Etats sont tentés d’utiliser la répression pour étouffer la colère populaire. Pendant ce temps, les extrémistes de droite détournent cette colère vers des bouc émissaires bien connus de l’histoire : les étrangers.

En Grèce, où la crise frappe le plus fort, le racisme d’une partie de la population augmente, entraîné par les propos et les actes de l’extrême droite mais aussi par la croissance de la violence institutionnelle. D’une part, il a fallu l’assassinat d’un « grec », militant antifasciste et rappeur en septembre 2013, pour que l’état grec sorte de sa tolérance face aux actes criminels d’Aube Dorée (parti politique qui obtenait encore 10% des intentions de vote en novembre 2013 alors qu’il avait été officiellement déclaré « organisation criminelle »). D’autre part, le gouvernement perpétue lui même des actes racistes: traitements inhumains et dégradants aux frontières, dénoncés par le Haut Commissariat aux Réfugiés, harcèlement policier et arrestations arbitraires au « faciès » (90 000 en 2012) dénoncées par Human Rights Watch, rétention inhumaine et prolongée des migrants dans des camps, dénoncée par Amnesty International… La répression s’abat même sur ceux qui témoignent leur solidarité. Le mois dernier, des manifestants qui demandaient une enquête indépendante sur le naufrage le 20 janvier d’un bateau de migrants, ont été tabassés par la police. Alors qu’on licencie des enseignants (2 500 au dernier semestre 2013) et du personnel médical dans les services publics, on recrute par contre à la Police (1 900 engagements en août 2012 pour tenter de fermer la frontière avec la Turquie).

Les régressions sociales ne frappent pas aussi fort en Belgique mais le processus sera le même si nous n’y prenons garde. Les refus de séjour pour des Afghans malgré les risques avérés d’un retour, le durcissement des conditions d’accès au regroupement familial, un parcours d’intégration que certains voudraient obligatoire, les dépenses de l’état belge pour une Europe forteresse mise en oeuvre à travers le programme Frontex, la chasse aux sans-papiers organisée dans les transports publics, l’absence de moyens significatifs pour lutter contre l’exploitation des travailleur/ses sans papier et la popularité montante de Maggie De Block sont autant de signes d’un glissement dangereux.

Dans la résistance à l’écrasement des droits sociaux et démocratiques, nous devons construire la conscience des intérêts communs de tous les travailleurs et travailleuses quelque soit leur origine ou leur nationalité et mener des luttes significatives, ensemble.

 

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