Cover_MOC_Compile_FIN

En 2021, A Nous Bruxelles (video)

par Jérémie De Clerck , président du MOC Bruxelles

Bonjour à toutes et tous,

2020, année d’un basculement

L’année écoulée a été pour toutes et tous un choc sans précédent. Nous nous sommes retrouvés comme dans un mauvais film, crise sanitaire d’abord, crise sociale, économique et démocratique ensuite. Au nom de la lutte nécessaire contre la pandémie, les mesures liberticides sont devenues légion pour un recul démocratique sans précédent. Des mesures parfois incompréhensibles et contradictoires avec comme résultat une perte de confiance des citoyen.ne.s envers les politiques mais aussi les médias et les « experts » qui se succèdent pour annoncer des chiffres et « indicateurs » sans cesse changeants.

En mars, les gens applaudissaient au balcon à 20h et en décembre à la même heure, le gouvernement les encourage à « dénoncer » leurs voisins à la police.

Une police qui est chaque jour plus violente, sexiste et raciste. Ces dernières semaines plusieures personnes sont décédées à la suite d’un contrôle de police. Le weekend dernier lors d’une manifestation, plus de 200 personnes furent arrêtées arbitrairement, dont 86 mineurs. Nombreux.ses sont celles et ceux à s’être fait tabasser dans les cellules !

Des mesures gouvernementales qui ont mené à des fermetures, des licenciements, des faillites en série. Un impact sur ce qu’il y a de plus intime aussi, des personnes qui mettent fin à leurs jours, des institutions de santé mentale au bord du gouffre, des violences envers les femmes et les enfants qui se sont retrouvés bloqués chez eux. L’isolement des personnes âgées, seules, fragiles,… Les effets collatéraux de la gestion de cette crise sanitaire semblent de plus en plus évidents. Conséquence d’un secteur de la santé déjà sur les genoux après des années d’austérité, des mesures drastiques pas toujours pertinentes et avec des effets collatéraux dramatiques. Urgence, nous dit-on. Toutes les violences déjà présentes dans notre société capitaliste, raciste et patriarcale se retrouvent exacerbées par cette « crise » qui aurait pourtant dû être anticipée.

Nous avons également vu naitre un nouveau concept, celui d’activités jugées « non essentielles ». Mais qu’est-ce qui est « essentiel » ? Et pour qui ? Voir ses proches, aller au café ou au restaurant, fréquenter des lieux culturels comme le théâtre ou le cinéma, mais également les activités sportives ne semble pas « essentiel », aux yeux de certains. Au contraire de la machine à profits qu’il faut maintenir coute que coute y compris au dépens de notre santé. Si certaines mesures peuvent se comprendre lors d’une situation nouvelle et inédite et pour une très courte durée, c’est par contre inadmissible sur le long terme.  

Nous sommes également dans une période d’insécurité juridique croissante, de nouveaux arrêtés sont votés sans limite de temps et sont en contradiction avec des lois existantes, ainsi qu’en contradiction avec notre constitution. Et tout cela sans débat démocratique digne de ce nom.  

Nos projets 2020

La campagne que nous menons pour lutter contre la précarité sans cesse croissante au sein de notre ville n’en est que plus pertinente, chaque jour se creuse le fossé entre les « gagnants de la mondialisation » et les autres. A titre d’exemple, pour gagner le salaire annuel d’un CEO d’une entreprise du BEL20 un.e infimièr.e doit travailler … 65 ans !

En 2020 nous avons voulu visibiliser cette précarité avec notre campagne de communication « Les Confins » à l’aide de témoignages de nombreuses personnes qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts et qui sont en première ligne des violences institutionnelles. Malgré le contexte et la situation difficile nous avons poursuivi notre travail de terrain, au plus près des personnes en situation de précarité.

Bruxelles: ville précaire

Derrière le Bruxelles des touristes, le Bruxelles-Capitale nationale, européenne, économique, la pandémie nous a montré une ville qui ne peut fonctionner sans ceux et surtout celles qui assurent son fonctionnement quotidien. Une ville qui tourne sans trop se soucier de celles et ceux qu’elle abandonne.

Sans moyens, les habitants de la ville font face à des difficultés quotidiennes. Les colis alimentaires sont devenus un phénomène collectif à grande échelle. Faut-il choisir de se vêtir plutôt que de manger, de se soigner ou de se loger ? Très souvent ce sont les femmes qui doivent résoudre ces choix impossibles. La solidarité s’organise malgré tout mais les besoins essentiels de tou.te.s devraient être garantis. Les mesures d’urgence ont montré que c’était possible, rendons-les structurelles !

Sans véritable statut qui leur garantirait les droits auquel chaque travailleur.euse.s devrait avoir droit, les coursiers permettent de commander à manger depuis le confort et la sécurité de son chez soi. Ils ont travaillé pendant le confinement et continuent de le faire malgré des conditions de travail déplorables. Essentiels, ils n’en sont pas moins livrés au bon vouloir des plateformes et au piège de la loi Decroo. Un travail digne et une rémunération juste sont leur droit.

Sans papiers, les travailleu.euse.s migrant.e.s n’ont pas d’autre choix que de continuer à travailler, même si c’est dangereux, pour eux-mêmes ou leur entourage. Souvent ils sont exclus de fait des soins de santé et des politiques de lutte contre le virus. Pourtant, nombreuses sont celles qui comblent les lacunes de notre système dans les métiers du soin à domicile, aux enfants, aux malades ou aux personnes âgées.  Essentielles, elles et ils sont systématiquement ignorés malgré leurs rôles et leur place évidente dans nos sociétés. La régularisation est la seule solution.

Sans emploi, on est livré à soi. Alors que la région n’offre déjà pas de travail de qualité à la majorité des travailleurs privés d’emploi, la crise économique génère déjà des restructurations en cascade. Un phénomène qui va inévitablement s’accélérer dans les mois à venir. Les grandes entreprises en profitent souvent pour licencier et détériorer les conditions de travail. Les travailleur.euse.s doivent être soutenus dans leur lutte pour des emplois de qualité pour tou.te.s notamment par la réduction collective du temps de travail. La politique de contrôle et de sanctions doit cesser !

A nous Bruxelles :

En 2021, nous souhaitons une ville qui appartienne aux travailleur.euse.s. Une ville où chacun.e à droit à un logement décent, avec un loyer contrôlé et sans risquer d’être mis.e à la rue. Une ville où le travail est partagé pour que les richesses que nous produisons garantissent à tou.te.s de manger à sa faim, de se vêtir et de se soigner. Une ville où on ne risque pas de mourir lors d’un contrôle de police. Une ville où personne n’est illégal et dont tou.te.s sont citoyen.ne.s . Une ville où le chômage, la maladie, la vieillesse et les difficultés de la vie sont absorbés par la solidarité de tou.te.s pour une vraie sécurité – sociale – à toutes. Une ville pour et par les travailleur.euse.s, les pauvres, les femmes, les noirs et les arabes, … Une ville par en bas.

Cette ville là, elle se construit par la mobilisation de ceux qui la font vivre. Par l’organisation d’un rapport de force en faveur des classes populaires basé sur la solidarité et la conscience que notre émancipation ne peut être que le résultat de notre force collective.

Voilà nos vœux pour 2021 !

merci Comité des Travailleurs.es Sans-Emploi de la CSC Bruxelles et les Travailleurs.ses Migrants.tes avec et sans papiers de la… Acv-Csc Brussel/Bruxelles United Freelancers JOC Bruxelles Vie Féminine Bruxelles Equipes Populaires Bruxelles Mutualité chrétienne (MC) (Bruxelles Saint-Michel) et chacun.e des militant.e.s qui contribuent à notre action tous les jours (et à cette vidéo).
Réalisation vidéo par IRRUPTION-WebMédia Engagé & deBro’s production.

Partager cette publication

Articles similaires

Reprendre nos affaires en main!

À l’approche des élections, voici venue l’heure des bilans de l’action des majorités sortantes. De manière générale, ces bilans s’avèrent plutôt décevants pour celles et ceux qui ont cru aux promesses des partis dits « de gauche » qui, finalement, se sont contentés de gérer un système mortifère. Aucun gouvernement n’a opéré de réelle rupture avec les mécanismes d’oppression et d’exploitation, et cela même à Bruxelles où la coalition rouge-verte ne comptait pourtant que deux ministres étiquetés à droite (Open VLD et Defi).
Bien sûr, « ça aurait pu être pire », ça le peut toujours. La menace de la droite et de l’extrême droite est bien réelle, pas seulement en perspective de résultats électoraux mais aussi étant donné la façon dont les options sécuritaires, antisociales et discriminantes s’installent de plus en plus facilement au sein des partis dits démocratiques. Heureusement que, malgré ce contexte morose, des résistances se sont organisées pour freiner cette course vers le mur. (…) Elles ont démontré que, ensemble, nous ne sommes pas prêt.e.s à nous laisser faire en abandonnant si facilement nos droits légitimes, fort.e.s de notre solidarité et de notre créativité collective.
Dans le nouveau numéro de Mouvements, nous avons choisi de revenir sur certains enjeux qui nous paraissent essentiels pour les Bruxellois.es en perspective des élections du 9 juin.

Voir l'évènement >>