Quel est le point commun entre des coursiers anglais, français, italiens, espagnols, autrichiens et belges ? Ils en ont sous la pédale, surtout pour défendre leurs droits. Et ces 8 livreurs ubérisés venant de 6 pays différents ont décidé de s’inviter à la table des négociations autour de la directive relative aux droits des travailleurs de plateformes à Bruxelles. Ils effectueront un trajet à vélo de Paris à Bruxelles, afin de livrer aux politiques un menu à la sauce pimentée à base de respect des droits.
Ces livreurs se sont rencontrés il y a 4 ans, ils ne parlaient pas la même langue, pourtant, ils ont rapidement compris qu’ils vivaient la même chose : des courses de plus en plus longues pour des revenus de plus en plus faibles, sans droit, sans statut, sans protection. Ils ont également compris qu’ils avaient un intérêt à s’organiser ensemble. Ils pédalent plus de 100 km par jour pour livrer des repas, cette fois-ci ils pédaleront 100km par jour pour livrer leur réalité à des politiciens déconnectés.
Ils traceront leur route d’un coup de pédale déterminé vers Bruxelles pour soutenir une directive imposant une présomption de salariat. Les lobbyistes d’Uber, avec la complicité du président français E. Macron, ne doivent pas gagner cette fois, il en va de la vie de millions de travailleurs. Ils ne veulent pas que le monde du travail se transforme à l’image de la nourriture qu’ils livrent : des travailleurs exploités et aussitôt remplacés, consommés jusqu’au trognon et jetés.
“Nous sommes considérés comme indépendants. Nous n’avons pas de congés payés, ni de sécurité sociale, ni de chômage. Avec l’absence de contrat de travail, nous sommes devenus licenciables dans la seconde avec une notification sur notre téléphone sans pouvoir nous défendre. Notés comme dans l’ancien temps, nous vivons dans la peur constante de la déconnexion. Nous voulons faire entendre nos voix face à ces plateformes qui dépensent des centaines de milliers d’euros en lobbying sur la directive et qui s’opposent à toute tentative d’action collective et syndicale refusant de reconnaître les organisations représentatives des travailleurs. Nous voulons les empêcher de changer la loi en leur faveur au détriment des travailleurs. Pendant une semaine, nous sacrifierons notre rémunération et parcourrons 400km pour rappeler à l’Union européenne qu’il ne faut pas qu’Uber fasse sa loi en Europe. Don’t Let Uber Make the Law.”
Ils feront des arrêts symboliques sur leur parcours pour porter la voix de celles et ceux qui subissent de plein fouet l’uberisation du travail : aide-soignants, graphistes, caissiers ou guides-conférenciers et seront accompagnés tout le long de leur parcours par des collègues chauffeurs VTC, solidaires.
Mercredi 08 novembre : Lille – Bruxelles
- 18h : Minute de silence en mémoire de Sultan Zadran, travailleur décédé pendant sa livraison (33 boulevard du Roi Albert 2, 1030 Schaerbeek)
- 18h30 : arrivée festive à la maison des livreurs de Bruxelles (123 rue du trône 1050 Ixelles) et rencontre avec Leïla Chaibi, l’UCLB union des chauffeurs de limousine de belgique, le collectif des coursier.e.s et maison des livreurs et la ligue des travailleuses domestiques
Jeudi 09 : Bruxelles
- 13h : Manifestation “Don’t Let Uber Make the Law” au rond point Schuman pour livrer les revendications de millions de travailleurs aux négociateurs du trilogue