hausse de loye

Pour des loyers raisonnables dans ma commune…

Par Thibaud De Menten
Responsable des Équipes Populaires Bruxelles

Quand on est une femme, quand on vient de l’étranger, quand on dispose de faibles revenus, quand on fait partie d’une famille monoparentale, concrétiser son droit à un logement décent devient une gageure.

Alors que la demande sociale explose, l’offre de logement public rencontre les pires difficultés à y apporter une réponse proportionnée, et ce malgré les impulsions régionales de ces trois dernières législatures. Mais ne tirons pas sur les pompiers. Ces vingt dernières années, la Région bruxelloise a accueilli 250 000 nouveaux habitants. Le défi est de taille et les 19 communes très diversement touchées par le phénomène. A titre illustratif, Molenbeek-Saint-Jean a accueilli autant de nouveaux habitants qu’en compte Auderghem. Le profil socio-économique de ses nouveaux habitants y est très différent de celui des « exemptés » ou « exilés » fiscaux qui s’établissent à proximité des institutions européennes, dans certains quartiers d’Ixelles, Uccle ou Saint-Gilles….

De son côté, l’offre privée se concentre essentiellement sur le haut de la gamme de confort. Sur ce segment du marché, il y a suroffre locative. Ces dernières années, les loyers y ont même tendance à baisser. Mais sur le bas de la gamme, c’est la pénurie. Conséquence, à Bruxelles, plusieurs dizaines de milliers de ménages n’ont pas d’autre choix que d’accepter de louer un logement de qualité médiocre à un prix manifestement abusif. L’ampleur du problème est telle qu’elle se reflète dans les dernières statistiques de l’observatoire des loyers : les logements disposant de faibles qualités sont loués plus cher que les logements de confort moyen.

Bien sûr, les communes doivent poursuivre leurs collaborations avec la Région pour augmenter le nombre de logements sociaux, promouvoir les agences immobilières sociales, favoriser la rénovation des logements insalubres. Il convient également de poursuivre la lutte contre les logements vides, en privilégiant la collaboration avec la cellule de l’administration régionale qui peut infliger une amende administrative aux propriétaires peu collaborant. Tout comme en exerçant, quand c’est possible, leur droit de gestion publique, dont les premières applications voient le jour à Bruxelles-Ville, Saint-Gilles ou à Forest. Si, d’ici à 2024, chacune des 19 communes pouvait en faire ne fût-ce que deux fois mieux que ces deux dernières mandatures, on pourrait fièrement saluer nos édiles du boulot accompli. Grosso modo, une dizaine de millier de ménage verraient leur droit au logement décent se concrétiser durablement. Ce n’est pas rien, loin s’en faut. Reste que la Région bruxelloise compte environ cinq fois plus de mal logés !

En parallèle, il convient également d’initier une politique de lutte contre les loyers abusifs. Pour rappel, le gouvernement bruxellois prévoit un nouveau mécanisme d’« allocation loyer encadré » pour les ménages en attente d’un logement social à condition que le propriétaire propose un loyer raisonnable, c’est à dire adapté aux caractéristiques des biens loués. Tout comme nous, le gouvernement est convaincu que les dispositifs d’aides sociales doivent permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine et non pas à compenser des loyers manifestement exagérés.

Mais que faire d’autre que de soutenir les locataires concernés à renégocier un loyer plus adapté aux caractéristiques du logement loués ? Tel est l’appel que nous lançons aux mandataires communaux : diffuser la grille indicative adoptée par le Région pour identifier les loyers présumés abusifs et favoriser les modes alternatifs de résolution de conflits en invitant les parties à renégocier un loyer adapté aux caractéristiques des logements.

Enfin, nous plaidons pour que les communes et CPAS propriétaires de logements modestes pratiquent des loyers inférieurs aux références de la grille indicative. Pour montrer l’exemple, mais aussi pour faire vivre, en bonne concertation avec la Région, le mécanisme d’allocation loyer spécifiquement mis en place voici plus de 10 ans. Son résultat actuel nous laisse sans voix : une centaine de 100 bénéficiaires pour près 10 000 logements communaux !

 

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