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On ne paiera pas vos crises !

Le 6 février dernier, 200 syndicalistes (notamment de la CNE) et activistes sociaux et écologistes (dont les militant.e.s de la campagne Don’t pay Belgium) ont pris part à une action de désobéissance civile en occupant les sièges des trois partis francophones du gouvernement fédéral (MR, PS et Ecolo), exigeant des mesures fortes et durables pour répondre aux urgences climatiques et sociales. Une alliance fondamentale entre secteurs mobilisés sur les mêmes enjeux. Une action pertinente qui en appelle d’autres pour faire basculer le rapport de force en faveur des classes populaires et de la planète.

Malgré diverses actions syndicales et associatives depuis plusieurs mois, le gouvernement ne prend toujours pas la mesure de la situation intenable pour une grande partie de la population. Les partis au pouvoir restent sourds face à la revendication légitime d’une socialisation du secteur de l’énergie, pourtant indispensable pour garantir l’accès à ce bien de première nécessité et la nécessaire transition vers les énergies renouvelables. Même une régulation du marché de l’énergie pour imposer une réelle baisse des prix est inconcevable dans la logique gouvernementale. Certes, les différentes aides publiques peuvent alléger une partie de la facture de celles et ceux qui y ont droit. Mais elles sont loin de compenser l’explosion du coût de l’énergie et, surtout, en puisant dans les caisses de la collectivité pour payer des factures injustes, elles ne font que jouer le jeu des TotalEnergie, Engie et Cie qui continuent à accumuler des profits exorbitants sur notre dos.

Aujourd’hui, ces mêmes aides publiques sont menacées. Comme s’en alertent le MOC Bruxelles et plusieurs organisations co-signataires d’une carte blanche le 9 février dernier (cf sur notre site ici : https://mocbxl.be/demantelement-du-tarif-social-pour-les-beneficiaires-du-statut-bim-une-mesure-desesperante/), le tarif social ne sera plus accessible aux bénéficiaires du statut BIM. Et l’existence même de ce tarif social, pourtant insuffisant face aux besoins, est remise en cause sous pression de l’Union Européenne qui, docilement suivie par nos gouvernements, tient à préserver les sacro-saintes lois du libre marché.

Des menaces planent aussi sur le mécanisme d’indexation automatique des salaires, conquis par les luttes de nos ancêtres à travers le mouvement ouvrier pour limiter le décrochage de nos salaires et allocations face à l’inflation des prix. Si le principe résiste pour l’instant, de nouvelles réduction de cotisations patronales contribuent à en réduire les effets. A côté de ça, les augmentations de salaire restent bloquées par la loi sur la norme salariale qui semble gravée dans le marbre. Pourtant, une augmentation significative des salaires et allocation serait plus que légitime pour inverser la tendance de ces dernières décennies qui marque un écart croissant entre la part des richesses qui revient aux travailleur.euse.s et celle que les détenteurs de capitaux s’accaparent.

Bref, pour le moment, le gouvernement peut se permettre de continuer à nous ignorer en poursuivant son « business as usual ». Et les batailles à mener pour changer la donne ne se gagneront pas avec quelques journées d’action ponctuelles et manifestations promenades au départ de la gare du nord qui, faute de perspectives, essoufflent les énergies et les espoirs de victoire.

C’est ce qui a motivé la coalition de militant.e.s syndicaux.ales/écologistes et sociaux.ales à organiser une action de désobéissance civile du 6/2. Celle-ci est inspirante à plusieurs égards pour imaginer un plan d’action qui permette de regagner confiance en notre force collective et d’obtenir enfin des avancées significatives.

D’abord, cette action a été portée par différents secteurs mobilisés qui l’ont construite en commun, mutualisant ainsi les leçons de leurs expériences militantes respectives, issues tant des milieux syndicaux verts et rouges que des milieux activistes sociaux, féministes et écologistes.

Ensuite, toute cette journée a été l’occasion de riches échanges entre les manifestant.e.s invité.e.s à s’exprimer en assemblée et à discuter de la situation et des perspectives et espoirs pour la suite du mouvement. Il s’agissait aussi de décider ensemble de l’évolution de l’action le jour même en fonction de la tournure des événements, de participer et de construire ensemble cette action, pas seulement d’y assister.

Enfin, en décidant d’aller occuper simultanément les sièges du MR, du PS et d’Ecolo, les manifestant.e.s ont démontré leur détermination à faire entendre elleux-mêmes leurs trois revendications :

– un plafonnement des prix de l’énergie à un niveau réellement accessible, imposé aux producteurs et aux fournisseurs d’énergie par une réduction des dividendes distribués à leurs actionnaires ;

– la sortie du secteur énergétique de la logique de marché et une gestion démocratique de l’énergie par la socialisation du secteur ;

– l’abrogation de la loi de blocage des salaires et le maintien de l’indexation des salaires et des allocations.

Les façades des partis ont été recouvertes de factures d’énergie et des bannières ont été installées sur lesquelles on pouvait lire « L’énergie au Peuple ! ». Les occupant.e.s ont rencontré David Leisterh, président du MR Bruxellois et Jean-Marc Nollet chez Ecolo. Au PS, Paul Magnette n’a pas daigné rencontrer la délégation de syndicalistes et activistes qui se sont alors installé.e.s pendant 4 heures dans le hall du bâtiment. Iels se sont ensuite dispersé.e.s en dénonçant une dernière fois le “mépris” ressenti et en promettant de revenir, bien décidé.e.s à imposer à l’agenda politique la discussion sur la nécessaire socialisation du secteur de l ‘énergie, le blocage des prix et la suppression immédiate de la loi sur le blocage des salaires

Photo : Collectif Krasnyi

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