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« Nothing for us without us » : 6 partis et une députée indépendante soutiennent les revendications de la Ligue des travailleuses domestiques sans papiers de la CSC Bruxelles

Ce 17 janvier, la Ligue des travailleuses domestiques sans papiers de la CSC Bruxelles était de nouveau en action. En début d’après-midi, les militantes ont organisé un « parlement du courage politique » pour, à nouveau, faire en sorte que les parlementaires bruxellois prennent en compte leurs revendications. A cette occasion, 5 partis se sont engagés à soutenir les principales revendications de la Ligue. En soirée, à l’occasion d’une conférence co-organisée avec l’UCLouvain, elles ont rencontré Adelle Blackett qui a participé à la rédaction de la Convention 189 de l’OIT visant l’amélioration des conditions du travail domestique. Une nouvelle journée d’action des travailleuses domestiques sans papiers déterminées à faire en sorte que rien de ce qui les concerne ne se fasse sans elles.

Le parlement du courage politique

Le 25 novembre dernier, la Ligue avait invité les chefs de groupes du Parlement bruxellois à faire adopter par leur parti une motion engageant ce dernier à soutenir les trois revendications de la Ligue, à savoir un accès au permis de travail, la protection en cas de plainte contre un patron abuseur et un accès à la formation professionnelle. Ce 17 février, la Ligue a installé en face du parlement bruxellois un « parlement du courage politique » pour recevoir la réponse des partis bruxellois.

Le PS, Vooruit, Ecolo, Groen, PTB, Agora et Véronique Lefranck (députée indépendante) ont accepté d’adopter la motion proposée par la Ligue. Au sein du « parlement du courage politique », Fadila Lanaan, Farida Tahar, Laila Lahssani et Els Rochette se sont exprimées publiquement et ont signé symboliquement la motion au nom de leur parti devant l’assemblée.

La Ligue a appelé les députées présentes à amender ou bloquer l’avant-projet d’ordonnance présenté par le Ministre de l’emploi portant sur l’élargissement du permis unique aux étrangers qui, encire une fois, laisse de côté les travailleuses et travailleurs sans-papiers. Elle rappelle que la Région en charge des politiques de l’emploi dispose des compétences pour répondre à leurs revendications qui ne s’adressent pas uniquement au niveau fédéral comme le prétend le Ministre de l’emploi Mr Clerfayt. « C’est une question de volonté politique » clament les militantes de la Ligue. En cette occasion, elles ont réitéré leur demande d’être entendues à la Commission des affaires économiques et de l’emploi dans les plus brefs délais. Fortes de plus de 1.000 signatures de soutien récoltées en quelques semaines, le Parlement ne peut désormais plus les ignorer et est tenu de les recevoir. Et c’est la moindre des choses puisque, comme le scandent les militantes de la Ligue « Il est hors de question que l’on décide de notre sort sans nous, les personnes concernées »!

Adelle Blackett en dialogue avec la Ligue

C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Adelle Blackett, militante canadienne pour les droits des travailleuses domestiques et l’une des chevilles ouvrières de la rédaction de la Convention C189 de l’Organisation Internationale du Travail sur les conditions de travail des travailleurs-euses domestiques, le soir même lors d’une conférence organisée à l’initiative de la Ligue : « Nothing for us without us ». « Pour les travailleuses domestiques, raconte-t-elle, il était hors de question que l’OIT élabore une convention sans elles. Ce sont elles qui ont fait émerger cette convention au sein de l’OIT. Les travailleuses étaient d’ailleurs présentes en force aux conférences internationales la concernant. C’est la convention des travailleuses domestiques pas celle de l’OIT. »

Adelle Blackett a pointé des enjeux importants pour le combat de la Ligue et, plus largement, celui des travailleur.euse.s sans papier du Comité des Travailleur.euse.s migrant.e.s avec et sans papiers de la CSC Bruxelles :

– Faire comprendre aux travailleurs et travailleuses avec papiers que le problème n’est pas que les travailleurs sans papiers prennent leur travail mais que les patrons sont allés les chercher pour tirer vers le bas les conditions de travail. Les travailleurs sans papier veulent des papiers et c’est dans l’intérêt de tous les autres travailleur.euse.s

– Faire converger les luttes des travailleur.euse.s sans papier de différents secteurs autour de revendications communes, comme ce fut le cas au Canada entre travailleurs du secteur agricole et travailleuses domestiques

– Visibiliser « l’invisible » par tous les moyens comme le fait la Ligue par le biais de films ou d’actions créatives et inédites, pour obliger la société et les responsables politiques à les prendre en compte mais aussi à devoir leur rendre des comptes

– Renforcer la lutte en s’engager dans un réseau international

Les interventions des autres panelistes (la CSC, la FGTB, une représentante des employeurs au niveau européen-EFCI) et celles de travailleuses domestiques parmi le public ont pointé plusieurs d’autres enjeux :

– Le continuum de la précarité des travailleuses avec et sans papiers du large secteur des soins à domicile que ce soit dans le secteur des titres-services, des aides familiales, aides domiciles ou aide-ménagères, travailleuses dans les ambassades, …

– La nécessaire union (plutôt que la division) entre les différentes centrales syndicales pour la défense des conditions de travail des travailleuses des soins à domicile

– La nécessité pour les travailleuses domestiques de connaître leurs droits stipulés dans la Convention 189

– Le problème de la marchandisation des secteurs du soin qui permettent à des entreprises privées comme celles des titres-service de rechercher avant tout le profit plutôt que de répondre aux besoins sociaux et de garantir de bonnes conditions de travail

– La prise en compte au sein du combat syndical des travailleurs.euses sans papiers dans la lutte contre le dumping social en menant un travail spécifique

Photos : James Morrisson 

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