Faire renaître l’espoir
Céline Caudron
Qu’elles aient permis de petites victoires, des changements plus profonds, ou qu’elles peinent à obtenir des avancées concrètes, les luttes multiformes visant l’émancipation des peuples et la justice sociale et écologique sont de vastes sources d’inspiration. Dans le dernier numéro de Mouvements réalisé en collaboration avec WSM, nous avons choisi de pointer quelques mobilisations à travers le monde qui, ces derniers mois, ont marqué par leur ampleur ou leur dynamique porteuse d’espoir.
Les crises multiples du capitalisme aujourd’hui à leur paroxysme détériorent nos conditions de vie et de travail de plus en plus rapidement. Les conséquences de la pandémie, du changement climatique, de la guerre et de la course folle de l’inflation pèsent sur les classes populaires. Et d’autant plus dans les pays tels que la RDC ou le Sri Lanka, englués dans un néocolonialisme qui les maintient en position de dépendance face aux grandes puissances de l’économie mondialisée.
Dans ce contexte exacerbé, la voie est toute tracée pour les politiques de droite et d’extrême droite qui en appellent à « l’effort collectif » et à la « paix sociale » pour tenter de relancer de plus belle la machine de destruction de l’environnement et des droits sociaux et démocratiques. Mais un tel contexte est aussi l’occasion d’élargir les brèches d’un système d’exploitation et d’oppressions qui démontre toutes ses limites. C’est particulièrement ardu pour le mouvement syndical ukrainien qui se trouve sur la ligne de crête entre résistance à l’envahisseur russe et résistance au gouvernement néolibéral de Zelensky.
Quand des révoltes populaires parviennent à surmonter l’apathie du fatalisme qu’elles s’appuient ou non sur un mouvement ouvrier organisé, sur une longue tradition de mobilisations et de résistances, ou sur la solidarité internationale, elles se caractérisent souvent par un niveau d’auto-organisation élevé, au plus proche de la vie quotidienne dans les quartiers et sur les lieux de travail. Souvent aussi, comme en Iran, en Argentine ou au Chili, le mouvement des femmes est aux avant-postes et peut jouer un rôle d’entrainement pour d’autres mouvements sociaux et le monde du travail.
C’est un premier pas indispensable mais rien n’est encore gagné. Encore faut-il parvenir à s’organiser pour construire un rapport de force assez puissant face aux gouvernement d’austérité et à l’extrême droite. Et encore faut-il dégager des perspectives politiques porteuses d’espoir et capables de concrétiser des changements structurels profonds pour rencontrer les aspirations sociales, démocratiques, environnementales et émancipatrices des mouvements sociaux qui font l’histoire.
Il n’y a pas de recette miracle, ni de copié-collé possible. Mais il y a largement partout dans le monde, du Brésil à la Grande-Bretagne, de quoi s’inspirer pour les luttes à mener et amplifier en Belgique aussi. Il est grand temps, ici comme ailleurs, de faire renaitre l’espoir chez la majorité de la population assommée par la colère ou par la peur face à l’explosion du coût de la vie et la destruction de la planète. Il est grand temps de construire une pression suffisante pour forcer une reprise en nos mains des secteurs essentiels et des richesses produites par notre travail.
Ici, la grève du 9 novembre a donné le ton : les syndicats sont capables de paralyser le pays et, dans le contexte actuel, ils rencontrent un soutien populaire bien plus important que d’habitude. Dans le même temps, comme le souligne la campagne « don’t pay Belgique », beaucoup ne peuvent plus – ou ne veulent plus – payer leurs factures pour continuer à gonfler les profits des grosses entreprises reversés en dividendes astronomiques. Il est possible d’articuler et de renforcer ces dynamiques, en multipliant des assemblées dans les quartiers et les entreprises pour s’organiser collectivement et en consolidant un plan d’action syndical pour augmenter nos salaires et allocations, diminuer les prix des biens de première nécessité, investir dans les services publics accessibles et de qualité, sortir l’énergie du marché et concrétiser la transition écologique. Les petits ruisseaux font les grandes rivières… Inspirons-nous mutuellement !
Au sommaire de la revue Mouvement 10 • Les mille visages de la lutte internationale
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- Se méfier de l’eau qui dort : faire parler la science pour réveiller les consciences kinoises
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- La victoire historique de Petro en Colombie et de Boric au Chili ouvre une nouvelle phase pour les classes populaires en Amérique Latine
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- Le Sri Lanka après la chute du gouvernement
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- Le réveil des luttes sociales en Grande-Bretagne
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- Campagne Made With Respect : les droits humains n’ont pas de prix !
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- Victoire d’étape pour les travailleuses domestiques en Espagne
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- Brésil : Lula president, une immense victoire populaire
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- Les féministes en première ligne en Amérique Latine
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- Le soulèvement « Zan, Zendegi, Azadi » en Iran
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- Ukraine : le syndicalisme en temps de guerre
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