BRISE

La bataille des syndicalistes pour l’environnement dans les entreprises à Bruxelles

Christina Hosszu
Responsable BRISE – CSC Bruxelles

Il y a une vingtaine d’années, au sein de la CSC, la volonté de créer un réseau intersyndical sur les questions environnementales a émergé. Pourquoi se préoccuper de l’environnement au sein du syndicat?  Nous défendons des valeurs dont la solidarité est primordiale. S’occuper de l’environnement, c’est se préoccuper des générations futures, des travailleurs du Nord comme du Sud notamment des agriculteurs, des conditions de travail, de notre santé. Les inégalités sociales et les inégalités écologiques vont souvent de pair. Pensons à l’habitat, un logement moins cher est très souvent mal isolé,  se situe sur des tronçons bruyants et fort pollués et est parfois même insalubre. Ces inégalités doivent être combattues. Et pourquoi en intersyndical ? La Belgique est un petit pays avec trois grands syndicats d’où la nécessité de créer des alliances, d’avoir un financement commun, former nos militant.e.s pour parler d’une seule voix face à l’employeur. Il y a eu également la volonté de soutenir les délégué.e.s qui voulaient avancer sur les questions environnementales.

Aujourd’hui, ça fait un peu plus de dix ans que le Réseau Intersyndical de Sensibilisation à l’Environnement Bruxellois (BRISE) est actif. D’abord ce réseau était fort marginalisé mais avec le temps et surtout l’actualité, il a été propulsé au-devant de la scène. Les débuts n’ont pas été faciles, il fallait s’approprier cette nouvelle et complexe thématique au sein du syndicat. Certains y voyaient un intérêt second, incompatible avec les urgences à traiter dans l’entreprise. « Nous nous  en préoccuperons  si nous  en avons le temps ». Pourtant même dans des moments de crise et surtout lors de restructuration, penser à l’environnement permettrait de trouver des solutions nouvelles et peut-être plus favorables à toutes et tous. Notamment, en faisant des économies ailleurs que sur le dos des travailleurs.

De leur côté, les délégué.e.s, malgré leur enthousiasme, devaient prouver leur légitimité face à l’employeur sur leur investissement en rapport avec les questions écologiques. Aujourd’hui encore les questions environnementales restent un sujet périphérique dans les entreprises, même si nous avons beaucoup avancé sur le sujet. Au travers des formations et du forum annuel, des fiches thématiques, du Groupe Kyoto et de séminaires, nous prenons en compte diverses facettes de l’environnement. Les sujets sont variés et brassent largement. Nous avons traité des questions comme le droit à la ville, l’alimentation durable et saine, les énergies, l’eau (sa provenance, sa consommation, son exploitation), les déchets, les produits dangereux, la pollution intérieure, l’économie circulaire…

Nos objectifs sont d’outiller au mieux les délégué.e.s et travailleurs-euses syndicaux-ales, de renforcer leur capacité d’action et de réflexion en terme d’écologie, d’ouvrir de nouveaux horizons. Nous apportons notre soutien à leurs projets, que ce soit en termes de contenu d’information via par exemple les fiches thématiques, les formations, le suivi du Groupe Kyoto ou  plus concrètement  par un suivi de leur entreprise. C’est ainsi que des entreprises comme Belfius ont mis une cantine durable en place avec les économies d’énergie, que le secteur hôtelier a pris en compte le gaspillage d’eau notamment en améliorant les gros postes consommateurs comme les douches et les toilettes, dans d’autres la mobilité en réduisant le nombre de places de parking, en offrant un accès aisé en transport en commun et un parking vélo, en proposant des plateformes de covoiturages… Au niveau des organes de concertation, on vise les plans annuels et quinquennaux, le label éco-dynamique, les plans mobilité, les cahiers de charge…

Le Groupe Kyoto est le cœur de l’activité de BRISE, il réunit des délégué.e.s des trois syndicats des trois instances et de secteur différents plus ou moins une fois par mois. Nous y prenons le pouls des différentes entreprises, traitons l’actualité comme  le nouveau format du Label écodynamique et maintenant l’appel à la grève du 15 mars sur le climat. Nous y abordons divers sujets spécifiques pour nous aider et renforcer nos connaissances en vue d’améliorer nos actions. Le Groupe Kyoto ainsi que les moments de formation sont également un lieu de « réseautage », les délégué.e.s s’échangent les bonnes pratiques et les réalités du terrain. La réussite de tous ces projets dépend essentiellement d’une bonne relation en matière de concertation sociale entre les 3 organes syndicaux que sont le CPPT (Comité pour la Prévention et la Protection au Travail), la Délégation syndicale (DS) et le Conseil d’entreprise (CE) et les trois syndicats et avec les ressources humaines. Il est également très important d’y associer les travailleurs-ses notamment via une enquête ou en les informant régulièrement via des assemblées, des affichages, etc. Un autre atout enfin, c’est que cela permet de rendre visibles les actions syndicales : l’activité des mandataires n’en devient que plus légitime.

Affaire à suivre…

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