Chou 90 – Les mouvements sociaux dans le monde

Edito

par Magali Gillard
Équipe CIEP Bruxelles

De tout temps et partout dans le monde, nous avons subi diverses formes de dominations : de l’esclavage au capitalisme en passant par le servage et le colonialisme. Cette domination a parfois réussi à perdurer sans que les victimes de celle-ci ne se révoltent. Mais lorsque les opprimés prennent conscience de l’injustice et du pouvoir qu’ils possèdent collectivement, alors ils dépassent le sentiment de fatalité et peuvent commencer à s’organiser. Cette prise de conscience ne va pas de soi, elle se travaille et c’est là que nos organisations d’éducation permanente ont un rôle primordial à jouer afin de déconstruire le discours dominant et développer nos capacités de lutter pour notre émancipation.

 

Dans l’histoire, les exemples de contestations sociales ayant réussi à renverser l’ordre établi ne manquent pas: de la révolution française à la décolonisation, en passant par la révolution russe et l’émancipation des femmes…Les luttes du Mouvement Ouvrier ont permis d’acquérir les droits sociaux et démocratiques que nous possédons aujourd’hui : droit de vote, droit de grève, droit d’organisation, congés payés, journée des 8 heures, … Le Mouvement Ouvrier a réussi, en Europe en tous cas, à rendre le capitalisme moins brutal.

 

Un tournant important a été la montée en puissance du néolibéralisme, amorcée par Tatcher en Angleterre et Reagan aux Etats-Unis. La libre circulation des capitaux et avec elle la financiarisation de l’économie, donne de plus en plus de pouvoir aux multinationales, aux institutions financières et aux actionnaires. Depuis, une vingtaine d’années, nos conquêtes sociales et démocratiques sont attaquées par des gouvernements de plus en plus soumis aux dictats du marché. Les grandes entreprises menacent de délocalisation si les travailleurs ne répondent pas à leurs exigences de rentabilité. Alors, en Europe, les investisseurs deviennent rois, bénéficiant de cadeaux fiscaux, les travailleurs trinquent à cause des mesures d’austérité imposées au nom de la compétitivité. La part des richesses produites qui retourne aux travailleurs ne fait que diminuer.

 

C’est en nous battant, là où nous sommes, contre les systèmes de dominations (raciste, patriarcale et capitaliste) et en coalisant les différentes luttes que nous arriverons à faire grandir le mouvement social qui nous permettra d’en sortir. Depuis, quelques années le vent de la contestation reprend vigueur, donnant lieu à diverses formes d’action comme les indignés, les marées en Espagne, la réappropriation d’usine par les travailleurs-ses, … Nos outils de lutte doivent s’adapter aux réalités vécues mais le mouvement ouvrier reste l’outil qui a la plus grande capacité d’organisation . En s’organisant sur base du travail, les travailleurs peuvent construire un rapport de force qui fait changer la peur de camp. Le plan d’action syndical actuel contre les mesures du gouvernement Michel en est une illustration.

 

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