Chou 92 – L’économie sociale en quête de développement

Edito

Myriam DJEGHAM
Secrétaire fédérale CIEP-MOC Bruxelles

La Région bruxelloise bat beaucoup de records. Sa population est à la fois la plus riche et la plus pauvre de Belgique. La plus riche parce qu’elle produit le plus de richesses par habitant/e (près de 62 000€/an alors que la moyenne belge est de 35 500). Et la plus pauvre parce que près de 120 000 personnes en âge de travailler sont sans emploi dont quasiment un jeune bruxellois sur trois (28,7% en moyenne et jusque 40% dans les quartiers du croissant pauvre). La plus pauvre aussi parce que près d’un tiers de la population bruxelloise vit sous le seuil du risque de pauvreté, donc avec moins de 1000€/mois pour une personne seule. Cette contradiction révèle un taux d’inégalités particulièrement élevé à Bruxelles (l’indice Gini s’élève à 0,36 alors que la moyenne européenne est de 0,30).

Les inégalités à Bruxelles augmentent comme elles progressent en Belgique, en Europe et dans le monde (plus de mille milliards de dollars ont été versés aux actionnaires dans le monde en 2014 alors qu’un milliard d’individus vivent avec moins de 1,25 dollar par jour). En tant que défenseurs de l’égalité, il nous revient d’analyser les racines économiques de ce mal qui nous ronge : l’injuste répartition des richesses produites. L’économie capitaliste rémunère des actionnaires toujours plus avides en compétition entre eux, en écrasant les salaires. Les travailleur/ses n’ont plus les moyens de consommer ce qu’ils et elles ont produit collectivement sans s’endetter. Ce modèle économique rend inatteignable un monde juste, égalitaire, en harmonie avec l’environnement.

Ce numéro du Chou s’emploie à creuser une alternative à l’économie de marché à laquelle le Mouvement Ouvrier Chrétien a largement contribué, l’économie sociale. Ce concept rassemble les coopératives, les mutuelles, des associations qui contribuent au développement économique sur base de principes démocratiques et sociaux. La première initiative d’économie sociale a été l’oeuvre d’ouvriers qui se sont mis à produire ensemble pour améliorer leurs conditions de vie. C’était en 1834 à Paris au sein de
l’ « Association chrétienne des bijoutiers en doré ».

L’économie sociale est-elle limitée à certains secteurs, à des niches ? Si elle peut être un outil pour réinsérer des personnes dans l’emploi, n’a-t-elle que ce rôle là à jouer ? Comment les pouvoirs publics la soutiennent-ils ? Qu’en est-il aujourd’hui à Bruxelles ? Que nous apprend l’expérience de Mondragon, la plus grande coopérative du monde ? Autant de questions auquel les auteurs
de ce numéro ont tenté de répondre.

Partager cette publication

Articles similaires