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Chou 107 – La nature est un champ de bataille

   Edito

 

Par Gilles Maufroy
CIEP-MOC Bruxelles

Mars 2019. Il est minuit moins cinq dans le siècle. Année après année, semaine après semaine, les rapports et études s’accumulent : le mode de production, de transport et de consommation qui domine l’humanité depuis deux siècles nous met en danger de mort. Nous vivons la plus grave et rapide extinction de masse des espèces vivantes sur Terre. Insectes, oiseaux, poissons, plantes…les formes de vie qui rendent notre vie possible sont en train de disparaître. Des quantités gigantesques de déchets s’accumulent aux quatre coins du globe. Les terres cultivables sont épuisées par l’agro-industrie. Le réchauffement climatique, fulgurant, est proche du point d’emballement.

Face à cela, plusieurs attitudes sont possibles. Celle qui nous est proposée par les gouvernants de ce monde, de Washington à Moscou en passant par Paris et Bruxelles, se résume à pousser sur l’accélérateur vers un « capitalisme du désastre » : accumuler les profits par l’exploitation toujours plus violente des ressources naturelles et du travail, profiter de la fonte de l’Arctique pour multiplier routes commerciales et forages pétroliers, etc. Même un ouragan tel que Katrina en 2005 devient l’opportunité de nouveaux marchés avec la reconstruction de la Nouvelle-Orléans. Tout cela s’accompagne d’une préparation à de nouveaux conflits militaires voire, dans les délires de certains milliardaires, de la création d’îles artificielles, zones de vie protégées et entièrement privatisées. D’autres veulent nous convaincre par un mélange de culpabilisation individuelle, de taxation indifférenciée de la population, de marchés du carbone et des énergies « vertes ». Des recettes pour lesquelles l’histoire a déjà donné son verdict : un échec total.

La question qui nous est donc posée à nous, mouvement ouvrier, est la suivante : qu’avons-nous à dire et à faire pour stopper la catastrophe ? La jeunesse se mobilise massivement et durablement, dépassant largement en nombre les groupes d’activistes qui s’impliquaient depuis des années sur ces sujets. Elle nous interpelle en utilisant la grève, l’arme historique du monde du travail. « L’espoir est quelque chose qui se gagne », dit Greta Thunberg à l’ONU, avant d’en appeler à un changement de système et à « tirer le frein à main ». Les jeunes nous demandent de lever la tête du guidon et d’éviter nous aussi une forme de déni ou de relativisme face à l’enjeu. Puisque les gouvernements et les patrons ne peuvent répondre à l’urgence écologique et sociale, c’est à nous, mouvement ouvrier, de prendre nos responsabilités : ce sont les travailleur.se.s qui doivent déterminer comment la transition pourra se faire. L’industrie, le transport, l’énergie, le logement, la ville, ce qu’on produit et comment on le produit : tout doit être repensé et transformé. L’humanité en a les moyens, uniquement si le rapport de forces change radicalement en faveur du monde du travail et des classes populaires du Nord et du Sud, les premières frappées dans leur chair par la pollution et la montée des eaux. Ce Chou de Bruxelles veut ouvrir le débat, qui continuera au MOC et dans ses organisations, notamment lors de la Semaine sociale au mois d’avril. Au-delà des élections qui viennent, donnons le dernier mot à Greta : « le vrai pouvoir appartient au peuple ».

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