Edito
Par Myriam Djegham
Secrétaire fédérale du CIEP MOC Bruxelles
Une baisse du temps de travail hebdomadaire avec augmentation moyenne de 10% des salaires, le salaire minimum qui grimpe d’un coup de 35%, une réduction de la part demandée au patient pour ses soins de santé, le revenu minimum pour les personnes âgées augmenté, le tout sous un gouvernement de droite. A priori ça semblerait impossible. Et pourtant, ce sont les mesures prises par le gouvernement De Gaulle en France en mai 68. L’explication est simple même si sa mise en œuvre est extrêmement compliquée : cela tient au rapport de forces. Dans un contexte international de mobilisations étudiantes et de luttes pour la paix et l’indépendance, on voit les travailleur.se.s se joindre au mouvement. 10 millions de salarié.e.s du public et du privé, des villes et des campagnes entament une grève et, en trois semaines, le gouvernement est forcé de prendre des mesures de gauche !
Comme l’analyse des faits historiques nous permet de mieux bâtir l’avenir, nous vous proposons au travers des articles de ce Chou de replonger dans les événements comme dans une vague dont le mai 68 français aura été l’écume, le contexte international l’océan, la remise en cause du système la lame de fond. Nous abordons également la vague italienne et les remous causés en Belgique avec notamment les entreprises autogérées, la mise en place des maisons médicales et un clin d’œil féministe.
Au-delà de la nécessité de luttes qui convergent, une des leçons à tirer de « mai 68 » pourrait être celle-ci : la résignation n’est jamais de mise. En effet, quelques semaines avant mai 68, personne ne sentait le vent venir, comme avant les printemps arabes d’ailleurs. Lorsque l’encéphalogramme des mobilisations de masse semble plus ou moins plat, il ne l’est jamais réellement. Entre actions locales de quartiers et d’entreprises, d’un combat thématique à l’autre, la colère couve et la conscience peut rapidement se développer réveillant l’aspiration à construire un monde meilleur. Espérons que nous vivrons ce genre de surprise bientôt. Les décisions politiques du gouvernement Michel, en matière de pensions, de santé, de migration, d’énergie… nous en donnent de très (trop) nombreuses occasions.