Une nouvelle étape a été franchie dans le combat de longue haleine des travailleur.se.s de plateforme pour une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Depuis novembre 2022, iels s’organisent à Bruxelles autour de la Maison des Livreurs avec le soutien de United Freelacers, de la CSC Bruxelles, du MOC Bruxelles, de la CSC Transcom et des Jeunes FGTB. Et ce mardi 30 avril et mercredi 1er mai, pour la première fois en Belgique, 200 livreur.se.s se sont mis en grève contre UBER à Bruxelles mais aussi à Anvers et Alost!
Les rémunérations des livreurs n’ont pas augmenté depuis 2019, alors que l’inflation augmentait dans le même temps d’au moins 20%. Les livreurs ne peuvent plus supporter les déconnexions décidées automatiquement par un algorithme sur base de critères obscurs, sans possibilité réelle de défendre leurs droits. Tout ceci alors que la loi (comme l’arrêt de la Cour du Travail de Bruxelles fin 2023 dans l’affaire Deliveroo ou encore la plus récente décision de la Commission Relation Travail (CRT) à propos du statut de trois livreurs Uber Eats) prévoit que les livreurs sont présumés salariés.
Sur leurs deux jours de grève, ces travailleur.se.s ubérisé.e.s étaient connecté.e.s mais ont refusé de prendre les commandes, iels ont organisé des piquets tournants devant les restaurants les plus fréquentés par les livreurs (fast-foods), des rassemblement devant les locaux d’Uber à Auderghem et une prise de parole à la fête de la FGTB du 1er mai. Ils revendiquent une augmentation de leur rémunération d’au moins 2€ par course, de 0,5€ par km parcouru et de 1€ par tranche de 10 minutes d’attente (restaurants et/ou clients), ainsi que l’arrêt de toute déconnexion sans entretien préalable entre UBER et le livreur concerné, afin que ce dernier puisse se défendre.
La couverture médiatique a été très importante, dans les deux langues. La grève, avec la décision de la CRT tombée peu après, ont donné lieu à plusieurs questions-réponses au Parlement fédéral.
La mobilisation des livreurs a été importante, d’autant plus qu’il s’agit de travailleurs précaires et atomisé, dans un mouvement qui émane d’une demande spontanée de la base. Cette action a permis une prise de conscience large de la part de ces travailleur.se.s quant aux enjeux liés à leur propre situation de travailleurs précarisé et leur statut informel.
Des indemnités de grèves ont été payées et le MOC Bruxelles a organisé une caisse de solidarité, à laquelle ont contribué différentes associations de la société civile, pour couvrir les frais de l’action ainsi qu’un soutien minimal à ceux qui ne pouvaient être syndiqués.
Un bilan de cette action sera fait avec les premiers concernés pour faire encore mieux dans une prochaine occasion, en tâchant d’impliquer d’autres villes du pays, comme Gent, Charleroi et Liège où il y a du potentiel.
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