Palestine

Le BDS, un appel qui va au-delà du boycott consumériste

Fiona Ben Chekroun,
coordinatrice européenne des campagnes BDS.

La Palestine, des décennies d’injustices

Dans de nombreux pays, les gouvernements et les entreprises sont profondément complices du régime israélien d’occupation militaire, de colonialisme et d’apartheid qui dure depuis des décennies. Un régime d’oppression qui ne perdure que grâce à la complicité internationale avec le régime israélien.

S’inspirant de décennies de résistance populaire palestinienne, de la lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud ou encore du mouvement des droits civiques aux États-Unis, une large majorité de la société civile palestinienne a créé en 2005 le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Ce mouvement palestinien pour la liberté, la justice et l’égalité est devenu au fil des ans, un mouvement global vibrant qui obtient un impact grandissant. Il est soutenu par des syndicats, des Églises, des organisations étudiantes, de droits humains ou encore communautaires ainsi que de groupes juifs progressistes, le tout représentant des millions de personnes à travers tous les continents.

Le mouvement BDS, en quelques mots :

Les boycotts impliquent le retrait du soutien au régime d’apartheid israélien, aux institutions sportives, culturelles et universitaires israéliennes complices, ainsi qu’à toutes les entreprises israéliennes et internationales impliquées dans les violations des droits humains du peuple Palestinien.

Les campagnes de désinvestissements demandent aux banques, aux communes, aux Églises, aux fonds de pension et aux universités de retirer leurs investissements dans l’État d’Israël et de toutes les entreprises israéliennes et internationales qui soutiennent l’apartheid israélien.

Les campagnes de sanctions font pression sur les gouvernements pour qu’ils remplissent leurs obligations légales de mettre fin à l’apartheid israélien, et de ne pas aider ou assister son maintien, en interdisant le business avec les colonies israéliennes illégales, en mettant fin au commerce militaire et aux accords de libre-échange, ainsi qu’en suspendant l’adhésion d’Israël aux forums internationaux tels que les organes de l’ONU et la FIFA.

Les campagnes populaires non-violentes du BDS visant le régime israélien continueront tant que ce dernier ne respecte pas le droit international et en particulier les trois demandes suivantes :

  1. La fin de l’occupation et la colonisation de toutes les terres arabes ainsi que le démantèlement du mur d’apartheid.

Le droit international reconnaît l’occupation israélienne de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, Gaza et le plateau du Golan syrien. Israël vole des terres et contraint les Palestinien.ne.s à vivre dans des ghettos, entourés de postes de contrôle, de colonies, de tours de guet et d’un mur d’apartheid illégal. Israël a imposé un siège médiéval à Gaza, la transformant en la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Israël mène aussi régulièrement des attaques à grande échelle contre Gaza, largement condamnées comme constituant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

  1. La reconnaissance du droit fondamental à une égalité complète des citoyen.ne.s arabes-palestinien.ne.s.

Un cinquième des citoyen.ne.s d’Israël sont des Palestinien.ne.s qui sont resté.e.s à l’intérieur des lignes d’armistice après 1948. Iels sont soumis.e.s à un système de discrimination raciale inscrit dans plus de cinquante lois qui ont un impact sur tous les aspects de leur vie. Le gouvernement israélien continue de déplacer par la force les communautés palestiniennes d’Israël de leurs terres. Les membres des gouvernements israéliens incitent régulièrement et ouvertement à la violence raciale à leur encontre.

  1. Le respect, la protection et la promotion des droits des réfugié.e.s ne.s à retrouver leurs foyers et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 des Nations Unies.

Depuis la création violente en 1948 par le nettoyage ethnique de plus de la moitié du peuple indigène de Palestine, Israël a entrepris de contrôler autant de terres et de déraciner autant de familles palestiniennes que possible. En raison de ce déplacement forcé systématique, il y a maintenant plus de 7,25 millions de réfugié.e.s palestinien.ne.s. On leur refuse le droit de retourner dans leurs foyers simplement parce qu’iels ne sont pas juif.ve.s.

Des campagnes BDS qui ont un impact:

En plus de 16 ans, le BDS a engrangé plusieurs succès, parmi lesquels :

  • Le départ du marché israélien du géant français des télécommunications Orange suite à des campagne BDS en France et en Égypte sur le soutien de sa franchise israélienne à l’armée israélienne et à ses attaques contre Gaza, ainsi que sur son implication dans les colonies israéliennes illégales.
  • Le désinvestissement de nombreuses institutions financières visées par le mouvement BDS, parmi lesquelles des fonds de pension gouvernementaux en Suède, en Norvège, en Nouvelle-Zélande, au Luxembourg, aux États-Unis, aux Pays-Bas ainsi que la Fondation Bill Gates et la banque norvégienne Nordea.
  • La suspension par le gouvernement chilien des négociations d’un accord de libre-échange avec Israël lors de ses attaques de 2014 contre Gaza, suite à une campagne menée par des député.e.s et la communauté palestinienne chilienne. La Bolivie et le Venezuela ont coupé leurs liens diplomatiques avec Israël. Le Brésil a refusé la nomination d’un leader des colons comme ambassadeur d’Israël dans le pays.
  • Le retrait total de la multinationale française Veolia d’Israël après une campagne BDS sur son rôle dans la colonisation des terres palestiniennes par Israël, ce qui lui a fait perdre des milliards de dollars en contrats.
  • La perte de nombreux contrats par la société publique israélienne de distribution d’eau Mekorot au Brésil, en Argentine, au Portugal et aux Pays-Bas en raison de la campagne BDS sur son rôle dans les politiques d’apartheid israéliennes en matière d’eau.
  • La fermeture de l’usine SodaStream située dans la colonie israélienne illégale de Mishor Adumim à la suite d’une campagne de boycott très médiatisée et qui a vu des entreprises de détaillants et d’investissements du monde entier rompre leurs liens avec l’entreprise. Cependant, SodaStream reste une cible majeure du mouvement BDS en raison de son statut de produit d’exportation israélien de premier plan et de sa complicité dans le nettoyage ethnique des Palestinien.ne.s dans le Naqab (Néguev) au sud d’Israël.

Ce que des mouvements tel que le MOC et ses organisations constitutives peuvent faire :

D’abord, faire pression sur la Belgique, complice de l’apartheid israélien, en appelant à :

(a) la fin des missions économiques régionales belge en Israël ;

(b) l’adoption d’une loi interdisant l’importation et la commercialisation des produits et des services provenant des colonies illégales israéliennes ;

(c) la pression de l’État belge en tant qu’investisseur de banques telles que BNP Paribas Fortis ou Belfius ;

(d) qui financent l’occupation illégale du territoire palestinien ou encore ;

(e) qualifier d’apartheid le régime israélien et que la Belgique appelle à une enquête officielle sur le crime d’apartheid par les Nations Unies.

Ensuite, mobiliser votre communauté, votre syndicat, votre association, vos connaissances, votre fédération étudiante, votre conseil communal, votre centre culturel ou toute autre organisation afin qu’elles se déclarent «Zone Libre d’Apartheid», mettant ainsi fin à toute relation avec l’apartheid israélien et les entreprises complices de son système d’oppression.

Enfin, boycotter publiquement les produits/services des entreprises soutenant l’apartheid israélien comme ceux de la compagnie d’assurance AXA qui investit dans des banques israéliennes sans lesquelles la construction de colonies illégales israéliennes dans le territoire palestinien occupé ne serait pas possible. Mais aussi la marque PUMA qui participe au sportwashing de l’apartheid israélien en étant le principal sponsor de l’Association israélienne de football qui compte des équipes dans les colonies illégales d’Israël dans le territoire palestinien occupé. Ou encore, l’entreprise HP qui est impliquée dans le système brutal des prisons israéliennes et de surveillance policière.

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