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Chou 103 – Le féminisme au cœur du mouvement social

Le chou 103Edito

par Myriam Djegham
Secrétaire fédérale du CIEP-MOC Bruxelles

« Elles n’en ont pas marre de se plaindre ? Toujours à jouer les victimes. Soi disant qu’elles auraient une double journée de travail, après le boulot salarié, le boulot à la maison. Mais ce n’est pas un problème vu qu’elles travaillent souvent à temps partiel – involontaire, bon, mais c’est indispensable pour assurer la flexibilité dans certains secteurs – et qu’elles font faire leur ménage (enfin le nôtre) par des femmes migrantes – OK c’est surtout pour les familles friquées, donc certainement pas celles qui sont à temps partiel, mais bon….
Et puis il faut pas nier qu’elles savent mieux prendre soin des autres que nous, c’est pour ça qu’on les retrouve plus dans certains boulots – bon globalement moins bien payés que d’autres secteurs mais c’est moins rentable aussi… quoique… les maisons de repos c’est un secteur d’avenir investi par les multinationales. Ca me rappelle que j’avais prévu d’acheter des actions.
En fait, les femmes sont indispensables pour faire gratuitement ou pas cher ce que nos services publics ne peuvent pas assumer – t’imagine sinon combien il faudrait payer d’impôts…

Qu’est-ce que le capitalisme serait sans elles ? Faudrait pas que le mouvement ouvrier s’en soucie trop sinon ensemble, ils pourraient mettre à mal notre super système économique qui génère tant de richesses – pas vraiment partagées mais on ne peut pas tout avoir ! -. Heureusement, toutes les féministes ne sont pas de gauche et les travailleurs pas tous féministes. Si la convergence devait se faire, il suffirait d’amener le débat sur le port du voile pour que tout le monde s’étripe. Ces clivages nous servent, comme les questions identitaires – de là à croire que nous, qui voulons à tout prix préserver le système comme il est, nous alimenterions les divisions…
Les femmes se plaignent d’un manque de reconnaissance mais elles ont une journée internationale par an alors qu’il n’y a rien pour les hommes – bon heureusement certaines ont oublié qu’elles l’ont obtenue par des luttes d’ouvrières pour obtenir des droits -. En fait, elles ont autant d’opportunités que les hommes de décider des politiques à mener, suffit de voir qu’il y en a qui réussissent bien comme Maggie De Block ou Theresa May – des pareilles on en voudrait bien plus pour liquider la sécu et mener des politiques de droite. »
Le point de vue est clair. Il révèle à quel point patriarcat, capitalisme et racisme non seulement font bon ménage mais s’articulent et se renforcent. Et en face ? Comment articulons-nous nos analyses et nos actions pour faire face à ce rouleau compresseur ? Quelle analyse faisons-nous des dimensions genrées du marché du travail et de l’accès à la santé ? Quelle place octroyons-nous à une lecture genre et au féminisme dans nos organisations ? Quelles inspirations pouvons-nous tirer des mouvements féministes à travers le monde, du féminisme décolonial, de la mobilisation des femmes musulmanes ? Quelles articulations et convergences construire entre luttes contre le sexisme, le racisme et le capitalisme ? C’est ce à quoi ce Chou tente de répondre.

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