CHOU 98 – Le monde arabe et nous

Edito 

par Myriam DJEGHAM
Secrétaire fédérale du CIEP-MOC Bruxelles

Bruxelles n’est pas une île. Elle est à la croisée de nombreuses destinées individuelles et collectives. C’est immensément riche mais aussi très complexe. A de multiples égards, nos réalités sont traversées, alimentées mais aussi bousculées par le contexte international. Le lien le plus perceptible actuellement est certainement celui qui nous lie, qu’on le veuille ou non, aux conflits dans le monde arabe. ICI et LÀ-BAS, de nombreux défis sont à relever. ICI, c’est d’abord la responsabilité d’offrir un avenir digne à l’ensemble des jeunes qui vivent en Belgique. C’est ensuite d’accueillir une partie des populations victimes des guerres au Moyen-Orient et victimes des dégradations sociales provoquées par les contre-révolutions dressées contre les printemps arabes.

C’est aussi atténuer le traumatisme provoqué par les attentats, alimentant la peur de nouveaux drames. Quatrième défi : sur le plan politique, il s’agit de réagir aux réponses sécuritaires qui restreignent nos droits démocratiques individuels et collectifs. Puis, nous devons reconstruire une conscience de classe alors que les divisions se renforcent en fonction des origines ou des convictions des un.e.s et des autres. Les clivages identitaires drainent un cortège de conséquences graves : la lutte contre les politiques accentuant les inégalités sociales passe au second plan, le racisme se banalise, les identités se figent et les idées régressives d’extrême droite se répandent dans toute l’Europe.

Enfin, à l’échelle internationale, le défi est d’influencer les politiques menées par nos gouvernements dans le monde arabe et de soutenir les mouvements sociaux qui résistent sur place. C’est encore de réaffirmer inlassablement qu’il n’y a pas de règlement de conflits collectifs sans respect du droit international, en particulier en ce qui concerne le scandaleux conflit israélo-palestinien.

LÀ-BAS, le défi consiste à sortir d’années de dictatures et de dépendance aux puissances économiques régionales et inter – nationales. Cela nécessite, à court terme, de résister à la violence des régimes autocratiques et aux attaques militaires, politiques ou commerciales de leurs soutiens internationaux. Et à long terme, l’enjeu sera que les peuples reconquièrent leur souveraineté. Stopper le développement de groupes jihadistes et la propagation du fondamentalisme religieux est également un défi essentiel.

De tels défis ne peuvent être relevés qu’en prolongeant et en faisant aboutir les revendications de dignité et de justice sociale des mouvements populaires ayant émergé au Maghreb et au Moyen-Orient depuis 2011. Au fil des pages de ce numéro, réalisé en partenariat avec Solidarité Mondiale qui entame une campagne sur la justice migratoire, nous avons voulu regarder la situation en face, plutôt que de garder les yeux fermés. Nous avons rassemblé des informations sur les causes et les conséquences qui apparaissent peu dans les médias dominants. L’ensemble des événements qui se sont produits, ici et là bas depuis 5 ans, nous montrent que nos destins sont liés et que notre solidarité compte !

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