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Chou 89 – La santé et l’accessibilité des soins , un défi permanent

Edito

par Elisabeth Degryse
Directrice de la Mutualité St Michel

Il y a quelques mois, à la veille des élections régionales, fédérales et européennes, nous insistions sur l’importance du choix de société que nous allions faire.  Un modèle du tout à l’Etat, un modèle équilibré, un modèle totalement libéral et ouvert à la marchandisation… ? Les élections sont maintenant derrière nous, les majorités régionales sont en place et les déclarations de politiques régionales sont écrites et presque votées.

Une grande première à souligner, la secrétaire nationale des Mutualités Chrétiennes occupe désormais le poste de chef de cabinet du Ministre wallon de la Santé. C’est une victoire et une garantie certaine d’être au cœur des discussions en Wallonie et en Communauté française.  De même à Bruxelles, nous avons des collaborateurs qui ont été sollicités par les cabinets bruxellois, dont celui de la Santé. Mais tout n’est pas acquis pour autant, les défis pour les cinq années à venir sont nombreux : Transfert de compétences, accessibilité des soins, territoire en santé, discrimination et inégalités face à la santé…

Compétences transférées, vraiment ?
La date fatidique du 1er juillet 2014 est derrière nous. Les compétences, et entre autres celles de la santé, sont transférées. Quelles en seront les conséquences ? La Région bruxelloise doit mettre sur pied son OIP (Organisme d’Intérêt Public) et ses modes de fonctionnement en bonne intelligence avec la Région wallonne afin de garantir une cohérence dans les politiques mises en place pour les francophones.  Une construction difficile car il va falloir se mettre d’accord avec la Communauté flamande à Bruxelles, et les réalités ne sont pas les mêmes.

Certains changements provoqués par le transfert n’avaient peut-être pas été anticipés. A titre d’exemple, les grands hôpitaux de revalidation se sont rapprochés de grands hôpitaux universitaires, encore financés eux par le fédéral et ont organisé de réelles fusions.  Régulièrement des législations sont envisagées et réfléchies en chambre, sans prise en considération des réalités du secteur. Il est urgent que le politique remette le patient au centre de ses préoccupations et sorte des intérêts particratiques, idéologiques ou institutionnels.

Accessibilité aux soins, un chemin encore long…

Derrière les considérations instutionnelles, il y a le quotidien des hommes et des femmes… Les femmes précisément, encore trop souvent victimes d’exclusion ou de situations particulièrement difficiles à vivre en matière de santé. Les personnes bénéficiaires du RIS (Revenu d’Intégration Sociale) et les personnes âgées sont des groupes vulnérables qui nécessite une attention particulière, spécifiquement à Bruxelles. Parmi les défis figure la qualité de l’accueil des personnes âgées qui ne savent plus rester chez elles. Certains « requins de la finance » l’ont bien compris et les maisons de repos sont devenues un réel business. Certains grands groupes se soucient plus du bien-être de leurs actionnaires que de leurs résidents.

Et demain ?

Les différents articles de ce numéro montrent bien qu’il y a encore beaucoup de combats à mener pour défendre une politique de santé juste, cohérente et accessible à tous. A l’aube d’un gouvernement dit « suédois » au fédéral, il sera encore plus nécessaire de faire front face à la libéralisation des soins de santé. Il faudra trouver les justes moyens d’actions. Sans doute, il faudra revoir nos pratiques et jouer d’actions fines et déterminées face aux machines de droite qui seront face à nous.

C’est en étant d’excellents gestionnaires des matières qui nous sont confiées que nous nous montrerons encore plus capables de négocier et de faire avancer la sécurité sociale et l’assurance obligatoire dans un souci de protection du plus grand nombre.

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