Chou 102 – Le défi de la solidarité mondiale

Edito

Myriam DJEGHAM
Secrétaire fédérale du CIEP MOC Bruxelles

Il semble de plus en plus dur pour les travailleur.se.s d’obtenir des avancées sociales dans le système économique actuel. La production de biens et de services est volontairement éclatée à travers le monde. Les multinationales peuvent allègrement jouer avec les moins-disant sociaux, fiscaux et environnementaux. Le problème n’est pas tant « la mondialisation » que l’usage qu’en font les capitalistes pour dégager les plus grosses marges de profit qu’ils placent ensuite dans les paradis fiscaux. Ces entreprises gigantesques ponctionnent des bénéfices parfois supérieurs au PIB d’un pays. Par exemple, Énéo1 mentionnait qu’en 2013 le chiffre d’affaires de GDF Suez était égal au PIB de la Belgique. Cette concentration du capital permet à ses détenteurs de faire la pluie et l’orage dans l’organisation économique et politique avec les conséquences sociales et environnementales que
l’on ne connaît que trop bien.

Ce qui est à l’oeuvre ne concerne pas seulement l’échelle
planétaire, mais cela entraîne des retombées immédiates sur nos vies et sur les réalités des entreprises, y compris publiques, non-marchandes et évidemment sur les PME sur le plan national. A l’intérieur de ce système économique, il est extrêmement difficile de pouvoir « snober » ces mécanismes d’exploitation qu’on retrouve dans les multinationales, sous peine de se faire absorber ou de faire faillite. La concurrence, le dumping social, l’externalisation et la sous-traitance font partie de la gamme d’outils qui permettent au capital de maintenir sa domination.

Nous ne pouvons pas baisser les bras, ni laisser les conditions de vie et de travail de la majorité de la population se dégrader, pas plus que fermer les yeux sur les effets désastreux de la compétition à tous les étages. Partout dans le monde, de l’Afrique du Sud à la Chine en passant par le Guatemala sans oublier les sans-papiers dans notre pays, les travailleur.se.s cherchent les moyens de défendre leurs droits et de faire entendre leur voix. Les traités et organisations internationales ne peuvent avoir d’effet que s’ils sont appuyés sur un rapport de forces solide sur le terrain.

Pour améliorer les conditions de tou.te.s, il est donc urgent de remettre nos modes d’action et d’organisation sur le métier, pour parvenir à reconstruire ce rapport de forces. Non seulement pour résister aux attaques mais aussi pour conquérir des droits et trouver des réponses aux problèmes environnementaux. Nos stratégies doivent contribuer à renforcer et élargir les luttes, notamment en
les internationalisant. Pour être gagnantes, elles doivent être connectées tout le long de la chaîne de production de valeurs, depuis le coupeur de canne jusqu’au distributeur de sucre en morceaux, de la couturière indienne au magasin de la rue Neuve. Refuser le renvoi des travailleur.se.s dos à dos, cela passe aussi par la résistance à tout ce qui les divise et par des connexions fortes entre syndicats
d’entreprises concurrentes pour forcer une harmonisation par le haut. Notre solidarité doit  systématiquement être renforcée pour faire barrage à leur compétition.

Ce numéro du Chou, élaboré avec Solidarité mondiale, a pour ambition de nous aider à affiner notre analyse des mécanismes internationaux à l’oeuvre, des réalités syndicales vécues ailleurs et à donner voix à des réflexions sur
les stratégies possibles. Petite goutte dans l’océan des réflexions à mener et surtout des luttes à construire !

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